« Close Encounters of the Third Kind » s’inscrit dans une période marquée par la fin du Nouvel Hollywood, et l’avènement des blockbusters modernes. Les films à grand spectacle, chargés d’effets visuels et sonores, commençaient à débarquer, écrasant les films politisés tournés avec un budget modeste. Pour autant, ces « nouveaux » blockbusters n’étaient pas des machines pachydermiques sans subtilité, et avaient souvent une vraie âme. C’est le cas pour le film de Spielberg, largement empreint de poésie.
On s’intéresse ici à des manifestations extra-terrestres, qui affectent notamment un père de famille lambda. Celui-ci devient alors marqué et obsédé par sa « rencontre », avec en toile de fond des scientifiques qui tentent de prendre contact avec les OVNIs. Ceux qui découvrent le film aujourd’hui seront peut-être surpris de certains choix narratifs : un scénario sans méchant et globalement gentillet, une bonne part de l’intrigue centrée sur la vie de famille du protagoniste… et une fin pour le moins osée ! Spielberg a d’ailleurs avoué qu’il n’aurait jamais tourné cette fin s’il avait eu des enfants à l’époque.
Ces choix structurent un film qui met en avant le spectacle et la magie, sans pour autant être naïf. Les effets spéciaux sont très bons pour l’époque (le vaisseau mère fait toujours son petit effet), sans compter quelques trouvailles géniales : l’utilisation de la Devil’s Tower, devenue célèbre, ou la fameuse mélodie à 5 notes liée aux extra-terrestres, un élément d’une BO de John Williams inspirée. Le tout mis en scène de manière très efficace, et non dénuée de suspense, à l’image de certaines séquences plus inquiétantes.
Richard Dreyfuss est quant à lui impliqué et charismatique dans ce rôle d’Américain moyen qui pète les plombs, et met les valeurs de la société au placard, leur privilégiant son obsession pour les OVNIs. Un personnage au sous-texte social, qui fait écho à l’un des thèmes majeurs du film : la communication et l’écoute comme outil pour lier les étrangers. On repère également François Truffaut ( !), qui apporte calme et élégance à son rôle de savant français dirigeant une équipe américaine.
Sans être un grand classique de la SF, « Close Encounters of the Third Kind » est donc un beau voyage optimiste, et le début d’une généreuse carrière dans le genre pour Spielberg.