Avec Réparer les vivants, Katell Quillévéré nous embarque dans la nébuleuse problématique du don d’organe qui tisse manifestement les liens de l'humanité. Ici, deux histoires sont mêlées et illustrent avec justesse les chaînons formant l'existence de l'Homme. Pour ce faire, elle a su s’entourer de talents émérites au jeu d’acteur excellent et excellé par ce long métrage. Entre Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval et Kool Shen il est difficile d’oublier les images chamboulantes de ce moment cinématographique.
Les douze premières minutes du film sont magistrales et mémorables. A la manière d’une campagne publicitaire pour une marque de surf, la force des vagues couplée à une BO emplie de délicatesse magnifie les attitudes des surfeurs. Le spectateur se retrouve face à une mer, à la fois fascinante et menaçante, qui le plonge au coeur d’un suspens poignant, presque hors du temps. La scène de l’accident vient briser ce doux moment de poésie visuelle et nous sort brutalement de ce bleu tableau. C’est alors tiraillé entre le soulagement de reprendre enfin notre souffle et le regret de voir cette scène déjà terminée que l’on en ressort.
Puis le film s’enchaîne et très vite la question du don d’organe apparaît au premier plan, ainsi que le pathos, pourtant loin d’être excessivement pathétique. Impossible de ne pas être assaillis d’émotion par les images qui suivent. Le rythme assez lent du film nous laisse le temps de nous imprégner de l’ensemble personnages touchés par l’accident du jeune surfer. On s’immerge ensuite progressivement dans l’intimité familiale et sentimentale d’Anne Dorval qui retrouve avec une tendre sensualité son amante, incarnée par Alice Taglioni.
La greffe du coeur, formant finalement la ligne directrice du film, prend une place très (trop?) importante. Le milieu hospitalier ainsi que l’opération en elle-même sont réalisés avec une authenticité digne d’un documentaire parfois dérangeante. Tout y apparaît « trop facile », laissant de côtés les oubliés des greffes qui remplissent les listes d’attente, toujours plus longues, des demandeurs d’organes.
Un seul point noir subsiste. La décision des parents semble être des plus naturelles. La réalisatrice passe outre le questionnement que traversent les parents. On passe de manière assez décousue d’un refus presque catégorique à un consentement semblant logique.