Je donnerais plutôt 6/10 au film en tant que film, mais je rajoute un point pour le sujet.
Vallée de l'Arve, une usine de décolletage va être reprise par un fonds vorace, ça va être un carnage. Dans la deuxième moitié du film, des salariés décident de monter leur propre fonds d'investissement, au prix de bon nombre de délits.
C'est un film profondément marxiste, qui oppose frontalement le travail, avec ces salariés qui entretiennent des machines vieillissantes et donc dangereuses, que l'on met sous pression pour justifier une charette de licenciements, et qui, malgré une baisse de la syndicalisation, vont redécouvrir la joie des rapports de force.
Et de l'autre, plusieurs personnages qui représentent le capital, amoral et froid. La palme revient au courtier, avec sa tête sympathique qui rappelle Jérôme Kerviel, mais aussi le gestionnaire de l'usine et le fonds auquel il doit répondre, et le duo de banquiers suisses. Tous ces gens portent des costumes et se donnent du mal pour paraître humains, mais n'ont que mépris pour la manière dont ceux qui leur apportent des bénéfices créent de la richesse.
Les acteurs sont bons, il y a juste que le film a quelques soucis de rythme. Il met du temps à vraiment décoller et ne parvient pas à fournir une scène de culmination pleinement intense (un problème de montage, je pense). Et les passages de comédie sont somme toute assez légers, on ne rit pas comme on peut le faire avec un film de Ken Loach. Il aurait peut-être fallu aller plus loin.
La réalisation fait le travail (avis aux personnes qui ont peur du vide, passez votre chemin pour les séquences d'escalade). La conclusion est satisfaisante.
Reprise en main est un film social avec des éléments de comédie, qui a quelques problèmes de rythme mais traite bien son propos : l'opposition entre capital et travail. Rien que pour la démarche, on lui souhaite le succès qu'il mérite.