Le titre original du film signifie "va et regarde", et c'est bien de cela qu'il s'agit ici: oser regarder le pire de l'être humain, ne pas oublier de quoi nous sommes capable et, comme le suggérait le titre qui devait être retenu à la base, tuer "l'Hitler en nous".
Le film suit le point de vue de Fiora, jeune biélorusse qui, en 1943, décide avec enthousiasme qu'il est désormais assez grand pour sauver son pays et jouer au soldat. Après un bref accueil dans un camp militaire où il incarnera le garçon à tout faire, il vivra l'impensable au détour de multiples haltes.
La réalisateur, Elem Klimov, a vécu la guerre et l'exode suite aux crimes commis par les SS, et il décide de les retranscrire: Fiora perdra l'ouïe au bout de quelques temps, la faute à une explosion trop proche de ses tympans, et le film adoptera son ressenti jusqu'à étouffer le son. De fil en aiguille, la steady cam le fait traverser un marécage avec une difficulté surhumaine (l'acteur de 15 ans manquera réellement d'y laisser la vie), échapper à une mitrailleuse qui le forcera à se réfugier derrière le cadavre d'une vache pendant toute une nuit de peur, et enfin arriver dans un village qui sera soumis au fameux massacre du titre français, dans une séquence finale d'une trentaine de minutes portant la barbarie à son comble.
Au terme de ces épreuves exécrables, le héros revivra en pensée la montée en puissance du dictateur élu Hitler et, face à une photo du monstre avec sa mère quand il était enfant, décidera de tuer son Hitler personnel.
Un film d'une importance encore bien trop cruellement actuelle au vu de la recrudescence des fascismes partout dans le monde, qui nous fait dire que l'ignominie est toujours là.