Le voilà, le quatrième film, celui que Rollin considère comme son meilleur. Il faut dire que "Requiem pour un vampire" marque un changement d'étape important dans la filmographie du réalisateur : c'est à partir de ce moment précis (après le troisième échec commercial du "Frisson des vampires") que Jean Rollin a compris que le cinéma fantastique est mort et que personne ne s'y intéresse plus. Eternel courageux, il décide de poursuivre sa carrière et va commencer par sortir deux films très expérimentaux : "Requiem pour un vampire" et surtout "La rose de fer".
Dès le début, on comprend qu'on a affaire à un film spécial : 30 minutes sans dialogues et pourtant une atmosphère tellement pesante... L'oppression s'amplifie dès l'instant ou nos héroïnes (deux jeunes filles échappées d'un pensionnat) pénètrent dans ce château maudit qui va leur valoir tant de malheurs. En effet, y sont installées quelques personnes d'une secte satanico-vampirique, qui ne reculent devant rien pour torturer et violer leurs victimes.
En réalité, les ruines du château abritent le dernier vampire, qui doit se dépêcher de convertir de nouvelles victimes pour perpétuer la race (un peu de la même façon que dans "Le frisson des vampires"). Doté de quelques scènes assez remarquables (comme celle où les filles veulent s'échapper mais reviennent toujours au château), le film se démarque également par son excellente bande originale composée par Pierre Raph, probablement le meilleur musicien jamais recruté par Rollin après le groupe Acanthus. Finies les maladresses qui décrédibilisaient "Le viol du vampire" et "La vampire nue".
Je vous ai dit dans le premier paragraphe que "Requiem pour un vampire" marquait un changement dans le cinéma de Jean Rollin. Ce n'est pas tout. En constatant le talent du réalisateur quand il filme les scènes de sexe dans le donjon (au milieu du film, vous savez, le truc avec la chauve-souris), les producteurs du film interpellent soudain Rollin : "Hé, ça te dirait pas de faire un film entièrement érotique ? Ca ferait un carton". Dépité, Jean accepte et tournera deux des films les plus rentables de sa carrière sous le pseudonyme de Michel Gentil (qui va le suivre un moment) : "Jeunes filles impudiques" et "Tout le monde il en a deux".