Merawi Gerima, le réalisateur de Residue, a de qui tenir, fils de Hailé Gerima, cinéaste d'origine éthiopienne, naturalisé américain et auteur, notamment, de Teza. Son premier long-métrage, avec quelques éléments autobiographiques, est à la fois un manifeste politique engagé (pas frontalement, quoique) mais aussi une œuvre en partie expérimentale. Cette histoire de retrouvailles du héros du film avec le quartier où il a grandi, à Washington, est l'occasion d'évoquer une gentrification à marche forcée, avec des blancs "colonisateurs" qui se soucient bien peu des habitants précédents, noirs comme de bien entendu, et désormais quasiment indésirables. Il y a des fulgurances dans Residue, un mélange assez détonant entre un réalisme documentaire et des moments oniriques. Mais il y a aussi des scènes opaques et des personnages surgis de nulle part (la petite amie). Le récit avance dans un certain désordre, porté par l'obsession du protagoniste principal à la recherche de son meilleur ami d'enfance. Disons que Residue dévoile le potentiel énorme d'un cinéaste en devenir mais qui se complait parfois dans des recherches visuelles et sonores qui séduiront sans doute certains spectateurs et en rebuteront d'autres qui se demanderont, peut-être à juste titre, à quoi servent toutes ces expérimentations "arty". Le propos, quand il est clair, se suffit largement à lui-même, sans vouloir à tout prix le conceptualiser et le sertir dans une forme aussi affectée.