Quel dommage, pour une fois qu'un polar horrifique pouvait s'appuyer sur un scénario digne de ce nom (certes très inspiré de "Seven", sorti quatre ans plus tôt, au point de frôler le plagiat), il a fallu qu'aucune des autres composantes du film ne soient à la hauteur…
A commencer par l'interprétation, médiocre, l'ensemble du casting étant composé de seconds couteaux (Leland Orser, Robert Joy, Barbara Tyson…), autour de la vedette Christophe Lambert, qui tente en compagnie du réalisateur australien Russell Mulcahy de renouer avec le succès d'"Highlander", treize ans après la sortie de ce dernier.
Problème, au lieu d'élever le niveau, Lambert est le premier à saboter le film par son jeu d'acteur désastreux. Ce mec fait vraiment partie des comédiens "professionnels" les plus lamentables qu'il m'ait été donné de croiser : il faut le voir, visage bouffi et inexpressif, tenter d'exprimer la colère ou le désespoir, ne provoquant évidemment qu'un rire nerveux de la part du spectateur.
Notre Christopher national n'est pas aidé par la faiblesse des dialogues, autre point noir de "Resurrection", au même titre que la photo très moche, les clichés omniprésents (le flic surdoué mais dépressif à la suite d'un trauma originel...) et les invraisemblances.
Mais encore une fois, le film de Mulcahy pouvait minorer ces graves lacunes en s'appuyant sur son script plutôt solide, qui propose plusieurs séquences tendues et bien foutues à défaut d'être originales, et sur un récit correctement rythmé, jalonné de fausses pistes et de scènes gore.
Hélas, la dimension mystérieuse du scénario est gâchée par sa prévisibilité, le serial killer ayant tellement la gueule de l'emploi que l'on devine son identité dès sa première (allez, sa deuxième) apparition à l'écran.
Il n'y a donc pas grand chose à sauver de ce marasme, si ce n'est peut-être la capacité du réalisateur à shooter quelques séquences énervées. L'aspect cheap et kitsch vient saboter la plupart des bonnes intentions, malgré la présence inattendue de David Cronenberg, venu faire l'acteur dans un petit rôle de prêtre.
Néanmoins, les fans de polar horrifique (c'est mon cas) pourront peut-être trouver "Resurrection" regardable un soir de fatigue, en gardant à l'esprit qu'on reste à des kilomètres du modèle évident, le mètre-étalon de David Fincher.