N'étant pas qu'un teen-movie familial aux répliques cultes, le film de Robert Zemeckis est aussi une mine d'or de paradoxes amusants. Le premier de tous, et sans doute le plus important, repose sur un concept banal mais pourtant si probant : le personnage du Doc est un échappatoire pour Marty, s'extirpant ainsi de sa famille où les difficultés vont bon train, entre la débilité de son frère, l'obésité de sa sœur, le manque de confiance de son père et l'alcoolémie de sa mère. Sur la fin, Marty se retrouve malgré lui dans ce qu'on pourrait appeler une "famille modèle" à l'américaine, avec des parents chics et des frères et sœurs studieux. Dans ce cas là, pourquoi continuerait-il à fréquenter le Doc ? Pour la simple et bonne raison qu'elle ne correspond pas à ce qu'il est, même s'il n'a pas le temps de s'en rendre compte puisque le Doc vient directement le solliciter pour une nouvelle aventure. Faisant partie de ces jeunes compliqués qui ne se contentent jamais de leur condition, d'autant plus quand le passage d'une famille modeste à une famille aisée est quelque peu brutale. Rien d'extraordinaire jusque là, je le conçois et elle est bien là toute la véhémence entraînante du film : nous faire pencher sur une histoire de famille simple à travers des voyages temporels. Rabattant avec une certaine fraîcheur ses idées géniales : Marty donne l'impression de découvrir ses parents pour la première fois, il est le gestionnaire de sa propre existence et le Doc est son conseiller. Dans Retour vers le futur les occasions manquées, ou qui pourraient l'être, sont nombreuses et le spectre de celles-ci rôdent d'un bout à l'autre du film, insufflant une énergie décomplexée dans des péripéties plus intelligentes qu'elles en ont l'air. Au regard de tout ça, Retour vers le futur n'est pas seulement un divertissement, c'est une leçon de vie dont je me délecte inlassablement et qui grandit, tout comme moi, dans mon esprit.