« The almanac. Son of a bitch stole my idea ! » MARTY MCFLY

Bien que Back to the Future se termine sur une scène emblématique qui pourrait laisser penser à une suite avec le Doc annonçant qu'ils doivent retourner vers le futur, cette fin n'était en réalité qu'un clin d'œil, et il n’y avait pas de suite de prévu. Ce n’est qu’après le succès phénoménal du premier film, qui a conquis le public et généré des recettes considérables, que les studios Universal ont pressé pour produire une suite.

Pour écrire la suite, Robert Zemeckis et son ami Bob Gale se sont vite rendu compte de la difficulté de leur propre choix de fin dans le premier film. En effet, avec Marty, Doc et Jennifer partant ensemble dans la DeLorean, ils étaient contraints de commencer la suite à partir de cette scène, limitant ainsi leurs options narratives. Cette contrainte a compliqué la tâche de Gale, d'autant plus que Zemeckis, très sollicité par la réalisation de Who Framed Roger Rabbit, ne pouvait pas s'investir pleinement dans le scénario. Gale s’est donc retrouvé seul à gérer une grande partie de l’écriture, cherchant des solutions créatives pour intégrer Jennifer au récit tout en développant de nouveaux éléments temporels captivants.

Robert Zemeckis et Bob Gale arrive finalement à écrire Back to the Future Paradox, script contenant tant d’idées et de rebondissements que les deux auteurs hésitaient à en couper une partie pour respecter la durée d’un seul film. Ils décidèrent alors de scinder le script en deux pour conserver la richesse de l’intrigue et approfondir les nouveaux univers et époques explorés par Marty et Doc. Universal Pictures, d'abord réticent à lancer directement une trilogie, finit par céder devant la vision ambitieuse de Zemeckis et Gale et le potentiel commercial des suites.

Pour optimiser le temps et les coûts de production, Robert Zemeckis a pris la décision audacieuse de tourner Back to the Future Part II et Back to the Future Part III simultanément, une pratique rare à l'époque, surtout pour un projet d'une telle envergure.

Back to the Future Part II sortit en 1989, quatre ans après le premier film, fut un succès commercial malgré son intrigue complexe, qui plongeait les spectateurs dans une version futuriste de 2015 et les faisait revisiter des événements du premier volet sous un angle nouveau.

La vision du futur, de 2015, imaginée par Robert Zemeckis et Bob Gale est empreinte d’un style futuriste résolument cool et audacieux, marqué par des technologies et des modes qui fascinent encore les fans aujourd'hui. Le film met en scène des objets révolutionnaires pour l’époque, comme les hoverboards, les voitures volantes, et les baskets auto-laçantes de Marty, qui sont devenus des icônes de la pop culture. Ce 2015 fictif arbore aussi des vêtements aux couleurs vives et des accessoires futuristes qui capturent l’esthétique exagérée des années 80, tout en répondant aux rêves technologiques des spectateurs. Bien que beaucoup de ces inventions ne soient pas devenues réalité, cette version fantasmée du futur incarne une ambiance à la fois rétro et avant-gardiste, jouant sur l’imaginaire collectif et marquant durablement la culture populaire, au point que des marques comme Nike ont créé de véritables éditions limitées inspirées du film.

Viens ensuite le retour de Marty et Doc dans un présent dystopique, où Biff Tannen est devenu un milliardaire tyrannique ayant assassiné George et forcé Lorraine à l’épouser, plonge l’histoire dans une atmosphère sombre et chaotique, contrastant fortement avec le ton léger du premier film. Ce choix narratif s'inscrit dans une structure classique des trilogies, popularisée par la trilogie Star Wars, où le second volet est plus pessimiste, mettant les héros face à une crise profonde qui semble insurmontable. Cette tradition dramatique permet de donner de la profondeur à l’intrigue et de créer une tension palpable, souvent résolue dans le troisième acte par une victoire finale des protagonistes.

Et enfin, Marty et Doc retournent en 1955, revisitant les événements clés du premier film pour tenter de corriger les dégâts causés par Biff dans la ligne temporelle. Cette nouvelle incursion dans le passé crée un effet miroir réjouissant pour les fans, qui retrouvent des scènes emblématiques sous un angle différent, avec un Marty caché observant son propre double et tentant d’intervenir sans se faire remarquer. Ce retour à l'année 1955 offre un sentiment de reconstruction presque nostalgique, permettant aux personnages de réparer les erreurs du futur tout en rendant hommage au premier volet. Ce passage devient un moment de pur plaisir narratif, où les spectateurs savourent la fusion du déjà-vu et de l’inédit, tout en accompagnant Marty et Doc dans une aventure qui redouble de suspense et d’humour.

Le film réussit brillamment à plonger le spectateur dans une aventure trépidante et complexe, faite de voyages constants entre des époques variées, sans jamais perdre en clarté. Grâce à une écriture ingénieuse, Robert Zemeckis et Bob Gale maîtrisent l’art de guider le public dans cette intrigue temporelle sans le dérouter, utilisant des moments d’explication pour clarifier les enjeux. Le personnage de Doc Brown joue un rôle clé dans cet aspect pédagogique : pour expliquer le concept de réalités alternatives, il dessine sur un tableau une ligne de temps fracturée, offrant ainsi aux spectateurs un repère visuel simple et efficace. Ce choix de mise en scène permet de maintenir le rythme intense du film tout en rendant l’intrigue accessible, offrant un équilibre parfait entre le divertissement pur et la compréhension des paradoxes temporels. En mêlant pédagogie et action, Zemeckis et Gale livrent ainsi une expérience cinématographique exaltante qui ne laisse aucun spectateur à la traîne.

Michael J. Fox offre une performance impressionnante en reprenant son rôle iconique de Marty McFly, mais avec un défi supplémentaire : il incarne plusieurs versions de lui-même, dont son futur fils et même sa fille, avec une habileté et un humour qui captivent le public. Sa polyvalence contribue largement à l’énergie du film, et il parvient à rendre chaque version de Marty crédible et unique. À ses côtés, Elisabeth Shue rejoint le casting dans le rôle de Jennifer Parker, remplaçant Claudia Wells, l’actrice originale, qui n’a pas pu reprendre son personnage. Malgré cette transition, Shue apporte une fraîcheur et une énergie qui enrichissent le personnage de Jennifer, lui donnant une place plus marquée dans l'intrigue. Son intégration harmonieuse dans le casting permet aux spectateurs de retrouver la dynamique de couple entre Marty et Jennifer, essentielle pour la continuité de l’histoire, et son interprétation se fond naturellement dans l’univers de la saga.

Christopher Lloyd reprend son rôle du Doc avec une touche de sagesse et de retenue, légèrement différente de l'exubérance du premier film. Sa performance posée ajoute de la profondeur au personnage, désormais davantage préoccupé par les conséquences des voyages temporels. Bien qu'il conserve son énergie excentrique et ses expressions iconiques, Lloyd apporte une gravité nouvelle, notamment lorsqu'il explique les réalités alternatives et les dangers de manipuler le temps. Ce Doc, un peu plus mature, reflète l’évolution de l’histoire vers des enjeux plus sombres, et sa sagesse naissante ajoute une dimension émotionnelle au personnage.

Thomas F. Wilson livre une prestation dantesque en incarnant plusieurs versions de Biff Tannen, un personnage qu'il pousse à son paroxysme de démesure et de malice. Son rôle s'étend non seulement à la version jeune et maltraitée de Biff, mais aussi à une version âgée et impitoyable dans le futur, ainsi qu'à Griff, le petit-fils du personnage, un méchant mégalomane et impulsif dans un univers alternatif. La performance de Wilson est remarquable par sa capacité à donner des nuances distinctes à chaque incarnation, tout en conservant un lien commun de vulgarité et de cupidité. Ses personnages sont vus comme une parodie directe de certaines figures politiques contemporaines, avec des traits qui rappellent l'ascension de personnalités comme Donald Trump, notamment dans son arrogance, son obsession du pouvoir et son langage grandiloquent. Par cette interprétation, Wilson ne se contente pas de multiplier les rôles, mais crée une galerie de personnages mémorables qui reflètent avec humour et satire les dérives sociales et politiques, tout en servant la dynamique de l’intrigue.

Le film s'impose comme un épisode central et de transition dans la trilogie, en jouant pleinement avec l'idée de l'anti-thèse du premier film. Alors que le premier volet offrait une vision optimiste du passé et permettait à Marty de réparer les erreurs de ses parents, cette suite plonge les personnages dans les angoisses du futur. Chaque héros, y compris Jennifer, est confronté à des révélations effrayantes sur ce qui pourrait les attendre, comme la prédiction d'un mariage minable entre elle et Marty, une idée qui brise les illusions de jeunesse et d’amour parfait. Pour Marty, cet épisode le pousse à affronter la possibilité de ses propres erreurs futures, un défi bien plus intime et pesant que de simples corrections du passé. Ce contraste entre un passé réparé et un futur incertain permet au film d’explorer des thèmes plus sombres et complexes, tout en préparant le terrain pour une résolution qui, espère-t-on, ramènera l’équilibre et la rédemption dans le dernier volet.

Malgré le ton plus sombre et pessimiste du film, la musique de Alan Silvestri reste fidèle à son style emblématique, apportant une énergie dynamique et entraînante à l'ensemble du film. Sa bande-son conserve cette intensité et cette épique qui caractérisent la saga, avec des thèmes familiers mais enrichis de nouvelles variations qui soulignent à la fois les moments de suspense et d'action, tout en accentuant les émotions plus profondes et les dilemmes temporels des personnages. Les morceaux qui accompagnent les scènes de voyage dans le temps ou de confrontations sont à la fois puissants et rythmés, créant un contraste fascinant avec l'atmosphère plus déstabilisante du film.

Back to the Future Part II réussit à s’imposer comme un épisode incontournable et central de la trilogie, naviguant habilement entre des enjeux temporels complexes et une atmosphère plus sombre, tout en restant fidèle à l’esprit unique de la saga. L’astucieuse construction narrative, les performances mémorables de Michael J. Fox et Christopher Lloyd, ainsi que la musique énergique d'Alan Silvestri, offrent une expérience cinématographique qui, tout en étant une transition nécessaire, conserve l’enthousiasme et le charme du premier volet. À travers cette exploration des angoisses du futur, le film parvient à sublimer le défi de l’inconnu et de la rédemption, préparant ainsi le terrain pour une conclusion épique dans le troisième volet, tout en marquant durablement les esprits avec sa vision audacieuse et son imagination débordante.

StevenBen
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le 6 nov. 2024

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Steven Benard

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