Si Réveil dans la terreur choque autant au visionnage, ce n'est pas moins pour la crédibilité inquiétante de son scénario que pour ses scènes d'une violence rare (on pense notamment à la chasse aux kangourous). En effet, c'est bien surtout la perspective d'une projection dans la situation du personnage de John Grant qui met mal à l'aise, similairement à celle d'un Jack Torrance dans The Shining, plutôt que la plate vision d'un banal film d'horreur.
L'Australie désertique mise en exergue, l'isolement extrême du lieu, ajoutent au danger le plus profondément enfui dans l'âme humaine : l'oubli de soi. La ville de Bundanyabba (et l'alcool) tendent un piège, le piège d'un enfermement dans un "Kupa Munduk" et un aveuglement sur les propres agissements de John Grant, passant d'un professeur lettré à une bête déshumanisée, rejetant ses livres et s'adonnant à la bestialité la plus primaire.
La volonté ne suffira pas pour quitter le piège, le mal est fait, et le héros ne parviendra jamais à atteindre Sydney et rejoindre sa fiancée, victime d'un système et d'une société se contentant du médiocre et méprisant l'élévation.
On y retrouve une esthétique proche du cinéma japonais dans des chefs d'œuvres sur le même thème tels que La femme des sables ou L'île nue, un bijou méconnu poussant le spectateur à se reconsidérer lui-même : homme ou bête, "la question de savoir si Le loup des steppes est bien réellement un animal ou bien s'il est un être humain".