Film de genre assumé et référencé, outrancier par moment, le premier film de Caroline Fargeat est un Revenge movie total et sans concession, à la fois slasher et survival déjanté.
On ne va pas discuter de la crédibilité du scénario, qu’on qualifiera de léger, mais une fois accepté ses invraisemblances, on se laisse captiver par cet OVNI brûlant et haletant. Si le fond n’est clairement pas le principal souci de la réalisatrice, même si on peut y voir un propos féministe pas très subtil par ailleurs, la forme vaut clairement le détour. Elle a un talent monstrueux, au sens propre.
Sa mise en scène est au cordeau, fourmille d’idées et épate par sa capacité à créer des plans sophistiqués, excessifs, d’une précision folle dans leur éclairage et leur scénographie. Au-delà de l’extrême violence de certaines scènes, elles se caractérisent aussi et surtout par leur indéniable esthétisme. Une stylisation poussée jusque dans la caractérisation des personnages, en particulier l’héroïne, iconisée en une sorte de nouvelle Tom Raider. Mais très, très énervée.
Si la mise en place de l’intrigue est un peu longue et souffre du jeu approximatif des acteurs, le rythme ne baisse plus une fois la traque commencée. Une traque en miroir, car chaque camp cherche l’autre pour l’éliminer. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce jeu du chat et de la souris est sanglant, à l’excès. On peut reprocher à la réalisatrice une certaine complaisance dans l’ultra-violence, mais on ne peut qu’admirer son sens du rythme et sa capacité à maintenir une tension qui ne faiblit plus jusqu’au générique finale. Une tension entretenue par un sound design impressionnant de précision.
On finit littéralement épuisés, mais heureux d’avoir vu un film de genre français totalement assumé (et réussi) et d’avoir découvert une réalisatrice culottée, à l’énorme et singulier talent.