Tout amateur de cinéma d'horreur et de cinéma de genre au sens large le sait bien : là où le spectateur peut prendre du plaisir, c'est de voir les personnages évoluer et que le chasseur devienne chasser. Que le bourreau deviennent victime. Que cette dernière puisse prendre le pouvoir et assouvir sa soif de vengeance.
C'est bien là toute la réussite du bien nommé Revenge. Trois riches chefs d'entreprises quadragénaires ont l'habitude de se retrouver dans une villa de luxe en plein désert pour une partie de chasse. Sauf que cette fois, l'un de ces bons pères de famille vient avec sa jeune maîtresse, une lolita qui suscite rapidement la convoitise des deux autres. Les choses vont rapidement déraper et la partie de chasse à l'homme va pouvoir commencer…
Coralie Fargeat ne réinvente pas le genre. En revanche, il lui donne une toute autre forme esthétique et elle est réjouissante : oubliez les univers obscures et les huis clos froids, préférez lui un désert brûlant aux lumières chaudes et couleurs flashy, donnant au tout un petit arrière goût de western sympathique. La modernité de l'ensemble passe aussi par la BO électro-pop plutôt étonnante qui se marie bien à l'ensemble.
Dans Revenge, il y a du sang, beaucoup de sang. La violence est omniprésente, surréaliste et gore, et le film prend parfois des accents psychédéliques, rappelant tantôt Tarantino, tantôt Jan Kounen.
Revenge se veut la version française et réussie (et trop rare) d'un cinéma cinéphile et inspiré, profondément féministe et qui prend des allures particulières à l'heure de l'affaire Weinstein et du #metoo. Avec son premier essai hargneux à souhait, Coralie Fargeat s'inscrit dans la lignée des défenseurs du cinéma de genre. On en redemande !