Wings of the Hawk

Un western de Boetticher réalisé au Mexique en 1953…

Un petit couplet sur le titre pour commencer. Le titre original "les ailes du faucon" en jette nettement plus que le titre donné par les distributeurs français. Et pourtant pour une fois, le titre français est plus pertinent. Car de faucon, on en entrevoit un sur l'épaule d'un guerrillero et dans la pénombre encore, pendant quelques secondes ; il n'interviendra nulle part ailleurs. Comme quoi, les distributeurs français ont dû, pour une fois, regarder le film avant de lui affubler un titre …

Le scénario, ah oui, parce que le générique annonce un scénariste…

Irish Gallager (Van Hefflin) est un prospecteur d'or au Mexique qui ne se préoccupe pas de politique. Mais le colonel Ruiz, qui commande l'armée régulière dans le coin, lorgne sur l'or qu'il trouve et prendrait bien une dime de 50% pour prix de sa protection. Et quand Van Hefflin, vraiment pas content, s'enfuit, voilà qu'il tombe sur les révolutionnaires mexicains qui cherchent désespérément à trouver des armes mais n'ont pas d'argent. Ces révolutionnaires sont commandés par Raquel, une jeune pasionaria, belle de qui, on s'en doute, Van Hefflin va (fatalement) tomber amoureux. Ensuite, y a des poursuites, les uns puis les autres sont emprisonnés puis s'évadent. Pour compliquer un peu et relancer l'histoire, un révolutionnaire, prétendant éconduit de Raquel et jaloux, va trahir au profit du colonel. Finalement, on ne sait pas trop qui fait quoi chez les révolutionnaires et on suit les images, sans trop se biler jusqu'au moment où Van Heflin fait sauter sa mine juste au moment où l'armée de Ruiz stationne – quel coup de pot, quand même. Bon, faudra quand même qu'on m'explique comment l'explosion (interne) d'une mine parvient à dessouder une armée. Mais c'est pas grave, les méchants sont tous morts.

Côté acteur, Van Heflin joue sa partition honorablement. Il sait tout faire, le bougre, entre chercher de l'or (et en trouver !), extraire une balle à la main (dans l'épaule de Raquel qui ne tourne même pas de l'œil !) et négocier 200 fusils pour 5000 dollars (25 dollars pièce, je suppose que le dollar valait plus à cette époque qu'aujourd'hui). En plus, il sait se servir de ses poings et aussi du revolver. Bref, c'est celui qui bosse dans le film.

L'actrice qui joue le rôle de Raquel, c'est une certaine Julie Adams qui est un peu aux abonnés absents, il faut bien dire. Van Heflin en fait des tonnes et elle, répond à peine du bout des lèvres. Je pense qu'il devait manquer des lignes au scénario qu'ils ont complété au fur et à mesure.

Par contre, elle porte très bien la panoplie du parfait petit révolutionnaire mexicain : le chapeau, les cartouchières en croix sur le buste (à la Pancho Villa). Le pantalon très moulant (et goûteux) ne fait pas très révolutionnaire, lui, mais il faut bien un peu de fantaisie (histoire de faire saliver ces machos mexicains).

Bref, c'est un film de Boetticher à laisser au vestiaire. Même Patrick Brion dans le bonus semblait un peu gêné aux entournures pour expliquer que ce western c'était juste avant la période bénie des westerns avec Randolph Scott. Il semblerait surtout que Boetticher a profité de son séjour mexicain pour assouvir sa passion de la tauromachie et pour commencer à réfléchir à son futur film "Arruza". Alors, évidemment, la révolte au Mexique qui n'en est qu'une parmi tant d'autres ne devait pas l'exciter plus que ça …