Un acteur vedette au sommet de sa gloire, un sujet passionnant, un budget maousse, une reconstitution énorme et un réalisateur tout juste oscarisé et venant d'enchaîner deux succès pour ses premières réalisations, voilà ce qu'avait Revolution pour lui en 1986, et pourtant, ce fut un bide monumental.
Hugh Hudson donna récemment une interview détaillant sa version des faits, et accusant le studio de lui avoir forcé la main pour certaines séquences puis d'avoir accéléré le montage, ce qui est fort dommage, et même se ressent, à l'image de la dernière séquence qui sonne un peu faux. Le sujet en lui-même est assez passionnant, c'est celui, déjà vu mais intemporel, de la petite histoire dans la grande, celles d'un émigrant écossais et de son fils qui vont se retrouver mêlés à la révolution, subissant plus les événements qu'autres choses.
Le metteur en scène britannique, reconnu grâce à Les chariots de feu, peint la naissance d'un pays par le prisme de cet homme, montre les bons, mais aussi mauvais, côté d'une révolution et de la Guerre. C'est cet aspect-là qui marche et qui se révèle fort intéressant, on se passionne pour cette fresque et la révolution, Hudson offre des images sublimes et nous implique dans le destin de ce père qui va surtout chercher à protéger son fils. Il fait preuve d'un certain recul, appréciable, sur l'histoire du pays de l'Oncle Sam, ne montre pas cette sanglante révolution bourgeoise avec un regard trop clair, mais y apporte des nuances.
Forcément, tout est loin d'être parfait, et on peut regretter que l'histoire d'amour entre Al Pacino et Nastassja Kinski soit un peu bâclé, alors qu'elle aurait pu être un vrai vecteur d'émotion, comme dans toute grande fresque se respectant. De plus, quelques problèmes de rythme, trop rapide ou trop lent, viennent parfois un peu gâcher le plaisir pris devant cette fresque, l'ensemble a du mal à prendre vie et peine à réussir sur tous les tableaux.
Ce qui est vraiment dommage, car à côté de ça, on ne peut qu'apprécier le soin apporté au cadre, grâce à une bien jolie reconstitution et un savoir-faire indéniable d'Hugh Hudson pour sublimer les paysages. Quelques séquences parviennent à être mémorables, et Revolution bénéficie d'un souffle certain lors des moments opportuns, alors qu'Al Pacino est assez convaincant dans un rôle compliqué, se montrant d'une grande justesse et surtout conviction, ne perdant jamais la face, ou presque, lorsque la situation lui échappe.
Hugh Hudson bénéficie d'un passionnant projet avec Revolution, signant une jolie fresque, intéressante dans les propos et jouée par de très bons comédiens, mais peinant parfois à réellement prendre vie et à dégager une forte émotion à laquelle l'oeuvre pouvait prétendre.