Ride Your Wave
6.7
Ride Your Wave

Long-métrage d'animation de Masaaki Yuasa (2019)

Le récent visionnage de « Fireworks » m’a donné envie de visionner beaucoup (beaucoup !) de films d’animation. Etant fan en temps normal, je trouve que le mélange de graphisme et de poésie est un excellent remède à la dépression et à l’isolement en cette période de confinement. Ce que j’aime par-dessus tout dans les films d’animation, quel que soit leur genre, c’est l’infini des possibilités : il peut se passer tout ce qui a traversé l’imagination des créateurs.trices. Et très souvent, cette étendue de possibilités, tant scéniques que visuelles, m’emporte vers un monde nouveau que je n’aurais pas imaginé moi-même. Les films d’animation représentent pour moi la liberté de création et d’imagination, la concrétisation d’idées folles. Très souvent, je suis émerveillée lorsque je regarde un film d’animation, même lorsque celui-ci n’est pas très bon, car il y a toujours un moment poétique qui apparaît alors que je ne l’attendais pas !


Comme beaucoup de personnes, j’ai commencé mon exploration de l’animation japonaise avec les films de Hayao Miyazaki. En fait, je n’avais pas vraiment le choix car c’est le seul créateur japonais qui arrivait sur les grands écrans quand j’étais petite. Alors oui, j’ai commencé avec « Le voyage de Chihiro ». Toutefois, j’ai la chance d’avoir une sœur jumelle non seulement extraordinaire, mais en plus qui est fan de l’animation japonaise, et qui m’a très vite fait découvrir d’autres noms de l’animation japonaise. J’ai exploré ce genre avec elle et, oui, comment ne pas être fan des films de Mamoru Hosoda ou de Hiromasa Yonebayashi ? Et puis, j’ai commencé à lire pas mal de mangas en étant ado.


Tout cela pour vous expliquer comment j’ai découvert l’animation japonaise, mais je ne veux vraiment pas faire partie de ce groupe de personnes qui met tous les films d’animation japonaise dans le même bateau, comme si c’était un genre en soi. Il y a des centaines de styles et de genres différents, et les comparer tous est à la fois insensé et raciste, comme si un genre cinématographique pouvait se déterminer par une nationalité. Nier cela, c’est nier la diversité de l’animation, et c’est aussi limiter une œuvre à son pays de production/création. Une chose qui m’énerve encore plus, c’est la comparaison qui est faite entre tous ces films, comme si pour critiquer un film d’animation japonaise, il fallait forcément le comparer à une œuvre de Miyazaki. Je vous assure, j’ai lu énormément de critiques qui commençaient par cela.


Bref, moi j’ai choisi de parler de Miyazaki au début de ma critique pour vous expliquer comment j’ai découvert l’animation (et au passage attirer très subtilement votre attention sur la surreprésentation du cinéma de Miyazaki, et l’écrasement des autres créateurs.trices). Il faut reconnaître que le cinéma hollywoodien nous emprisonne dans une culture étasunienne, blanche et occidentale, et parfois les personnes sont démunies pour en sortir, car c’est le seul cinéma qui est commercialisé/médiatisé/diffusé aussi largement. Il n’y a pas si longtemps, je discutais avec un.e ami.e qui justement me disait qu’il était difficile de sortir du schéma du film hollywoodien, et que parfois nous avons tendance à être critiques lorsqu’une œuvre ne correspond à aucun code du cinéma hollywoodien.


Oui, être cinéphile demande une ouverture d’esprit, une curiosité envers d’autres réalités, cultures, langues et contextes. Voir un film, c’est prendre en compte tout cela. Et en cela le cinéma est incroyable, car non seulement il demande une ouverture d’esprit, mais en plus il ouvre les esprits. C’est donc un double effet tout à fait enrichissant et merveilleux !


Serais-je en train de m’égarer ?


Le film dont je vais parler aujourd’hui, c’est un film de Masaaki Yuasa qui s’appelle « Ride YOUR Waves ». J’ai vu sa bande-annonce deux fois au cinéma, les deux fois où je suis allée voir « Weathering with you », et je me souviens avoir dit à chaque fois « ça a l’air bien ! » à la personne qui m’accompagnait.


Et en effet, c’est bien !


Un petit moment d’évasion dans l’histoire de Hinako et Minato, deux jeunes adultes qui vivent au bord de la mer et qui vont tomber en amour. Hinako est surfeuse, Minato est pompier, et leur rencontre va rendre la première partie du film un peu longue certes, mais très poétique et légère. Le créateur a vraiment pris le temps de raconter leur rencontre et l’amour qui grandit chaque jour entre les deux. Je n’ai pas l’habitude de me laisser entraîner dans des histoires d’amour cishétérosexuelles et cucul, et je ne sais pas si c’est le contexte qui a rendu la chose plus facile, mais je me suis aisément laissée porter.


Le punch du film, c’est la mort de Minato (je ne spoile rien, c’est dans la bande-annonce), mais qui va continuer à vivre dans l’eau, et que Hinako va traîner partout avec elle, dans son verre d’eau, dans son bain, etc. Dit comme cela c’est un peu weird, je vous l’accorde, mais c’est assez bien fait et j’ai beaucoup aimé cette façon de traiter le deuil, le déni de la mort et le « qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » de quand on perd quelqu’un.e de proche. La mort est présente, mais le film n’est pas dramatique, les émotions sont là, sans nous submerger. C’est avec une certaine légèreté que l’équipe de création a dessiné le deuil de Hinako, sans pour autant la sous-estimer. Ce que j’ai vraiment aimé, c’est le fait d’avoir plusieurs personnages qui réagissent différemment au décès de Minato. Et si le personnage de sa soeur peut sembler weird par moments, c’est beaucoup d’humanité qu’elle apporte.


L’animation est très belle, surtout les couleurs. Je vous avoue que j’ai mis un petit temps à m’adapter aux proportions des personnages. Tous ces personnages élancés, mince et grands, c’est pas évident à assimiler au début, mais finalement je me suis habituée. J’ai beaucoup aimé le graphisme de l’eau et des vagues, et toutes les métaphores que cela implique. Par contre, la chanson version karaoké qui revient 1000 fois dans le film, c’est assez grinçant et répétitif. Je comprends l’intention, car Minato n’apparaît que quand elle chante cette chanson, mais c’est vraiment pas agréable au bout de 3 fois.


En conclusion, je recommande ce film si vous avez envie de vous vider la tête sans mettre vos émotions de côté, un film parfait pour le confine

SoyAne
7
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Créée

le 25 mars 2020

Critique lue 761 fois

3 j'aime

SoyAne

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