Dans ce film, superbement photographié par Thierry Arbogast et cadré en cinémascope , le réalisateur Patrice Leconte manifeste d'un bout à l'autre une vivacité extrême. Il dépeint avec un humour caustique la cour de Louis XVI, juste avant la révolution de 1789. Une grosse partie de sa réussite est due à un excellent scénario signé Rémy Waterhouse, qui adapte son propre roman. Ridicule plaira aux historiens, pour l'intelligence de la reconstitution et du propos. Néanmoins, il ne faut pas s'attendre à un nouveau Barry Lyndon, En plus de savoureux dialogues, le film bénéficie d'un excellent casting avec un terriblement attachant Jean Rochefort en marquis amateur d'esprit sans pour autant parvenir à en faire lui-même, une Fanny Ardant en comtesse manipulatrice ou encore un Bernard Giraudeau super brillant dans son rôle d' abbé prétentieux. Voici donc un film brillant qui ne ressemble à aucun autre. On peut y trouver une des meilleures scènes d'introduction que j'ai vu pour ce genre de film et qui donne le ton d'entrée.La caméra de Patrice Leconte fait des merveilles , tant dans la reconstitution avec tous ces costumes que dans ce faste de la cour. Tout est retranscrit à merveille. Au milieu de cette reconstitution de toute beauté et d'un casting formidable, le metteur en scène nous présente l'expérimentation du scaphandre autonome et tous ces tâtonnements de la science par Judith Godrèche ou l'invention du langage des signes par l'admirable Abbé de l'Épée. A travers une histoire de sécheresse des marais d'une province infestée par des fièvres qui tuent les habitants, le film raconte en même temps la vie à la cour du roi. On assiste à des joutes, comme des duels , de bons mots. Tout est assez jubilatoire notamment une scène où Charles Berling annonce des vers en octosyllabes. Patrice Leconte réussit en 1996 à faire un film populaire avec plus de 2 millions de spectateurs pour un film de ce genre. La conclusion en Angleterre juste avant la révolution de 1789 est assez élégante. César du meilleur film et du meilleur réalisateur en 1997, il nous décrit bien ce monde aristocrate en perdition entre luxe et décadence qui est loin de sentir la Révolution arriver. Tout ce petit monde n’a peur que d’une chose : le ridicule. On rit de bon cœur au milieu de ce décor déjà aperçu dans "Que le fête commence" de Bertrand Tavernier.