A la découverte du cinéma chinois, quelques réalisateurs sont incontournables.
Wong Kar-Wai bien sûr.
Wang Xiao-Shuai sans doute.
Mais l'expérience la plus troublante est de regarder successivement Jia Zhang-Ke et Zhang Yi-Mou.
20 ans d'âge les séparent.
Le 1er nommé est né en 1970 et proposent une relecture de l'histoire et de la culture Chinoise emprunte de questionnements.
Le 2nd est né en 1950 et présente autant d'aspiration à la liberté culturelle qu'il semble capable de respecter scrupuleusement la ligne du Parti communiste.
Ainsi, à la vue de Riding Alone - pour un fils (encore un titre tristement traduit par les distributeurs français !), on ne sait pas trop si l'objectif est de proposer :
- un drame intimiste et humaniste,
- un documentaire touristique, véritable ode à la Chine,
- un film qui critique subtilement la modernité chinoise.
Sur l'aspect dramatique, on notera que les émotions sont implicites, retenues. A l'image des cultures japonaises (origine du principal protagoniste) et chinoises.
Elles sont formidablement servies par une légende japonaise (Ken Takakura) et par des mises en situation autant poétiques que tragiques ou humoristiques.
Mais il n'échappera (j'espère !) à personne l'intention de Zhang Yi-Mou de rendre hommage à la Chine :
- à son peuple, fier et dévoué ;
- à sa nature qui possède autant d'atouts que le continent américain. Les panoramas montagneux et des canyons sont sublimes.
En somme, une quasi-oeuvre de propagande pour attirer les occidentaux à découvrir les richesses de son pays.
Pour autant, le réalisateur a l'art d'instiller quelques éléments disruptifs :
- la jovialité de la prison contraste avec ses chants de reconditionnement dignes de Sparte ;
- la procédure administrative semble être un dédale sans fin ;
- le côté "Donneur de leçon" du comité citoyen rural rappelle des archaïsmes maoïstes ;
- et pour l'anecdote, il semble qu'il n'y ait pas que la Corrèze qui souffre de problèmes de réseau téléphonique.
Bref, un film qui mérite de ne pas être regardé de manière superficielle.
Il sera bienvenu de l'analyser en ayant en tête les allers-retours du réalisateur Yi-Mou, entre consensus gouvernemental et volonté de liberté culturelle.