Cassandre est seule. Seule à faire du chiffre en vendant le plus possible de parfums détaxés au cours des vols qu’elle effectue en tant qu’hôtesse de l’air. Seule dans sa vie de célibataire. Seule chez elle, à moins qu’elle ne vive en coloc, ce n’est même pas très clair… Seule dans ces longs couloirs d’aéroport, ces navettes de transit, ces chemins jusqu’à son appartement parcourus en uniforme et valise à la main. « Rien à foutre », malgré un titre qui laisse faussement présager un discours un peu subversif, est en réalité un portrait de la solitude d’une jeune femme qui ne semble pas prête à faire grand-chose pour y remédier.
Les plans, le plus souvent très resserrés, ne font qu’accentuer ce sentiment. Comme s’il n’y avait qu’elle, ou même des fragments d’elle. Peut-être aussi pour montrer une forme d’individualisme de sa part. On nous donnera bien une tentative d’explication liée à un drame familial. Mais est-ce la seule raison ?
Le film s’attache donc surtout à montrer cet isolement, on l’aura compris, à la fois subi et voulu. Mais aussi les conditions de travail des hôtesses de l’air des compagnies à bas prix, réduites selon certains à des « vendeuses de cacahuètes ». Et encore malheureusement les vexations qu’elles subissent de la part de leurs employeurs, les clients et parfois même leurs propres collègues. Mais Cassandre s’en fiche, tout lui glisse dessus. Et la caméra l’exprime parfaitement, dans de longs silences et de tout aussi longs plans, certes parfois un peu ennuyeux, mais qui servent parfaitement leur propos. L’une des seules scènes où elle se met à communiquer et éprouver de l’empathie pour une inconnue qui ne parle littéralement pas la même langue qu’elle, est très attachante et propose une parenthèse de délicatesse dans ce film très froid, à l’image de la vie de son héroïne.