J'aime beaucoup ce genre de projet quasi-ethnographique, qui plus est quand le thème du travail est présent en filigrane. "Rien à foutre" est un film qui sonne très juste, empreint d'une certaine mélancolie. Le travail au sein de cette compagnie low cost qu'on devine est éreintant (les allers-retours la même journée, les clients, le chiffre, ...), taylorisé, soumis à des objectifs chiffrés absurdes, des process abscons (ou juste cons). Mais le personnage principal s'en préoccupe peu, elle se laisse porter avec indifférence dans ce métier alimentaire mais qui donne quelques opportunités de voyage et d'aventures sans lendemain.
J'ai trouvé particulièrement triste l'absence de perspectives : dans cette compagnie low cost, les destinations ne font pas rêver, les hôtes et hôtesses ont conscience de ne pas être des top models instagrammables, fantasment sur une carrière inatteignable chez Emirate. Les salariés vivent dans une certaine précarité, ne peuvent ou ne veulent pas se projeter. C'est presque du Ken Loach sans le côté larmoyant ... Et pourtant, l'espoir peut vite arriver.
La scène finale est à l'image du film : très belle, très juste, mélancolique, insouciante, et en même temps d'une banalité affligeante et d'un je-m'en-foutisme total envers les soucis sociaux, géopolitiques et environnementaux de ce monde ...