Michel Serrault et Isabelle Huppert incarnent un couple, avec une différence d'âge de trente ans, dont la spécialité est d'arnaquer les gens dans des hôtels luxueux afin de les dépouiller de leur argent. Il vivent de leur business avec un camping-car en France et dans les pays frontaliers. Là, ils vont s'attaquer à une autre cible, jouée par François Cluzet, mais ils vont avoir les yeux plus gros que le ventre.
Rien ne va plus est le cinquantième film de Claude Chabrol, qui collaborait à ce moment-là avec Mk2, ce qui lui assurait à la fois une rente financière, il était sous contrat en tant que salarié (!), mais il a quelques-uns de ses meilleurs travaux entre la fin des années 1980 et le début de la décennie 2000. Je pense bien sûr à La cérémonie, Masques ou Betty.
Ici, il veut tourner une histoire à la manière de Haute pègre, dans le sens où Isabelle Huppert joue en quelque sorte l'agneau qui attire le loup, et dont elle va verser du somnifère, laissant le loisir à elle et Serrault de piquer l'argent du malheureux. En l'espèce, la première victime étant Jackie Berroyer dans une scène formidable. Le film se veut sans grandes surprises, on sait très bien que les arnaqueurs finissent toujours par être également arnaqués, mais ça se suit avec grand plaisir, notamment grâce à Huppert et Serrault, dont on sent la joie manifeste de passer pour ce qu'ils ne sont pas. De grands bourgeois, dont le lien réel est connu très tardivement, le film joue sur cette ambiguïté. Certains moments marchent moins bien, notamment la partie avec Jean-François Balmer où on a l'air d'être d'un coup chez Jean-Pierre Mocky dans le côté incongru, ou la mise en scène qui ne cherche pas à sublimer le luxe des lieux visités... Mais ce 50eme cru de la filmographie immense de Claude Chabrol se savoure comme du champagne avec des bulles.