That’s detente, comrade. You don’t have it, I don’t have it.

Une entrée remarquable de Bond dans les années 80. Il faut malheureusement pour entrer dans cette nouvelle aventure encaisser une introduction d’un ridicule extrême, commençant pourtant par un beau clin d’œil (Bond se rendant sur la tombe de sa femme) de courte durée. Quelle mauvaise idée d’avoir mis Blofeld au centre de la scène alors que la production n’a pas le droit d’utiliser le personnage. Une sorte de provocation de la part de Albert Broccoli envers Kevin McClory, sauf que l’idée se retourne contre le film. John Glen devant jongler avec les cadrages et le montage pour que le visage de Blofeld n’apparaisse jamais. Effet totalement raté. Scénaristiquement ce n’est pas mieux, le personnage devenant un bouffon immature. Mais déjà sort de ce moment une énergie dans la cascade sur l’hélicoptère (décidément James Bond et les hélicoptères c’est une vraie histoire d’amour/haine), une mise en bouche du menu concocté par John Glen dans sa réalisation. Il faut aussi se faire à la partition de Bill Conti, très marquée par son époque, plutôt en demi teinte, parfois dynamisant le visuel, d’autres le parasitant car trop prononcé, c’est affaire de dosage.
Ces quelques scories sont rapidement oubliés tant l’aventure s’avère prenante, l’intrigue retrouve un vrai équilibre, plus réaliste (fini la fantaisie à outrance). Les séquences d’action nombreuses, décoiffantes et diversifiées entre neige et mer, l’association scénario/réalisation/montage prend un malin plaisir à les rendre épiques dans leurs durées et leurs déroulements, aménageant des pauses et fausses respirations pour mieux accentuer la tension et repartir de plus belle (la poursuite en 2CV et ses cabrioles, la poursuite à ski en 3 actes, l’attaque de l’entrepôt suivi d’un course poursuite, la triple confrontation sous-marine,...) ça file et Roger Moore est en grande forme, d’autant que la réalisation de John Glen et le montage de John Glover, particulièrement immersif, le place au coeur du mouvement et de l’action avec à ses cotés une Bond Girl impliquée, dure comme la glace et jamais traitée comme potiche. S’ajoutera à l’aventure un 3eme larron en la personne de Milos Columbo (Chaim Topol), sorte de cousin brigand du Ali Karim (Pedro Armendariz) de Bon Baisers de Russie. Il suffira d’une scène pour que l’alchimie fonctionne et que le personnage soit adopté devenant même la part désinvolte de James Bond là où celui ci fait montre d’une nouvelle part de dureté dans certains actes, notamment dans une vendetta exécutée avec froideur. L’antagoniste Kristatos, est l’un des plus intéressant depuis l’arrivé de Moore dans la saga. Ce démarquant par sa simplicité et son sens de la manipulation, pas de délire mégalomaniaque dans son entreprise, il n’a pas besoin d’être entouré d’une armée, c’est une confrontation d’esprits. Ce retour sur terre dynamique, sec et nerveux est un vrai plaisir et une grande redécouverte.


Le Générique :
Chanson - La voix de Sheena Easton et la mélodie de Bill Conti résonnent encore longtemps, comme un air entêtant, après le générique. On aimerais s’en débarrasser, et en même temps on l’apprécie plus qu’on ne le crois.
Visuel - La présence de la chanteuse dans le montage lui confère une image de vidéo-clip très marqué 80’s (bienvenu sur MTV). Ca surprend mais ça reste relativement sobre. Ca aurais quand même été mieux sans.


LA James Bond Girl :
Carole Bouquet aka Melina Havelock. Voici LA partenaire de James Bond, scénaristiquement celle qu’aurait du être l’agent Triple X (Barbara Bach), Goodnight (Britt Ekland) et Aki (Akiko Wakabayashi). Forte, déterminée, surtout impliquée. Leur relation ne repose pas sur la séduction à tout pris. Bond est avant tout protecteur avec elle, mais ne la laisse jamais à l’écart et celle ci se retrouve, plus d’une fois, dans l’action à égal de l’agent secret.


LA réplique :
«That’s detente, comrade. You don’t have it, I don’t have it.»


... et un Général Gogol hilare.


LA scène :
James et Melina à la recherche de l’ATAC viennent de se sortir d’un enchaînement de mauvaises situations (contre le scaphandrier et le sous marin) mais n’en n’ont pas encore finis. De retour sur le bateau de Melina, ils sont accueillis par les hommes de mains de Aris Kristanos. Comme tout méchant, Aris, qui choisi la formule ‘Je ne me sali pas les mains et je fais compliquer plutôt que simple pour se débarrasser de mon ennemi’, décide d’attacher James Bond et Melina ensemble et de les tirer avec son bateau pour servir d’appât aux requins. Les coups portés par le frottement des coraux font mal, la présence des requins rend la tension palpable... le montage et la réalisation sont d’une redoutable efficacité impliquant totalement des 2 acteurs dans la scène au milieu des performances des cascadeurs.

SemWen
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le 11 févr. 2021

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