La ville de Rimini évoque un festival de chansons populaires mais aussi la triste fin du cycliste Mario Pantani. Devant la caméra d'Ulrich Seidl, la station balnéaire hors-saison ressemble à un endroit lugubre où stagnent à chaque coin de rue des migrants SDF et où des cars de retraités étrangers viennent écouter un chanteur ringard, lui aussi hors-saison. Ce personnage, gigolo à l'occasion pour de vieilles dames en manque d'amour, est au centre du film du cinéaste autrichien qui n'a pas son pareil pour susciter la gêne dans une poignée de scènes de sexe d'une crudité malsaine. Mais si le héros de Rimini a une flamboyance pathétique, et de notables absences dans son rôle de père qui a déserté, Seidl lui accorde un regard qui n'est pas exempt de tendresse, à l'instar de tous ses personnages, même les plus abîmés. Cette humanité qui se love sous les oripeaux de la cruauté, a toujours été présente chez le cinéaste mais elle semble plus accentuée dans Rimini. Dans ce rôle de crooner en quête de dignité, Michael Thomas est prodigieux, monstrueux façon Depardieu dans certains de ses rôles, en bien plus glauque, quand même. Rimini est le premier volet d'un diptyque qui se poursuivra avec Sparta, qui s'attachera au frère du chanteur, à Vienne. La sortie est prévue courant 2023.