Le film déborde d'humanité, entre la camaraderie du trio et l'hospitalité immémoriale des afghans; à la fois documentaire immergeant dans la réalité complexe d'un pays en guerre depuis 1979 et journal intime existentiel d'un homme qui vingt ans après récupère les bandes perdues de son camescope acheté à la va vite à Kaboul avant de s'embarquer dans un périple non sans péril et sans gloire.
Le recul du temps, la sédimentation de la vie donnent une profondeur inattendue et un écho troublant à ce qu'est devenu le pays après vingt ans d'intervention et une victoire des Talibans, à l'usure. Le montage insérant des photos, la voix off, le son réel sublime les images de camescope passant allègrement la rampe du grand écran. Mine de rien, le métier de journalistes, ses aléas, son éthique et sa grandeur, ce travail quotidien de vérité du réel est dévoilé comme rarement. L'humour est déployé dans toute sa noblesse, autodérision, politesse du désespoir, antidote au melon, contrepoison à l'esprit de sérieux, il offre une autre forme de recul à celui qui observe: les chefs de guerre en prennent pour leur grade, pendant que les mendiants retrouvent leur dignité et nos pieds nickelés testent les limites de l' insouciance de leur jeunesse quand la vie devant soi est trop grande pour ne pas prendre de risques.
Un film précieux.