En 2002, alors au creux de la vague, Claude reçoit une proposition inattendue de la part de son ami Serge, reporter au Figaro. Partir dès le lendemain pour l’Afghanistan, afin de raconter dans une série d’articles le pays en pleine « Pax Americana » post 11 septembre. Au départ de Kaboul, les deux compères sont rejoints par l’Italien Paolo, vrai photographe de guerre.
Mais qu’est-il allé faire dans cette galère ? Lui jeune typographe craintif, le voilà coincé dans une voiture non blindée entre un rédacteur genevois très fier de courroucer un chef de guerre au moyen d’une question gênante et un Florentin souriant, même au milieu d’un champ de mines. Le tout sur un territoire exsangue et déchiré, malmené depuis des années par les Russes, Américains, et Pakistanais. Le périple insensé de ces Pieds nickelés en devient un témoignage virevoltant où traverser un tunnel glacé et humer les effluves des pavots devient une aventure. Illustré de photographies, épreuves de tournage et archives familiales retrouvées par hasard 20 ans plus tard, le documentaire performatif fait preuve d’un humour ravageur rappelant celui de Michael Moore. Au-delà de la farce potache à valeur journalistique qui n’évoque aucunement l’état désespérant de l’Afghanistan aujourd’hui, le voyage est un émouvant travail de deuil pour le réalisateur orphelin. Dans cette contrée qui a fait du Titanic un symbole de réussite, la traversée de la rivière Boom sera pour lui l’occasion de grandir en laissant ses morts sur l’autre rive.
(7/10)
twitter.com/cinefilik
cinefilik.wordpress.com