Rivière sans retour par mistigri
Bien plus qu'une rivière impraticable, la rivière sans retour est ni plus ni moins l'évocation des évènements d'une vie.
A l'image de l'existence, la rivière est parsemée d'embûches. Que ce soient les Indiens, la rivière elle-même et d'autres, le parcours de cette rivière est une métaphore. Présentée comme une véritable épreuve, la rivière laissera des traces sur ces aventuriers qui s'y risquent. En effet si la rivière est sans retour, ce n'est pas forcément parce qu'on y reste ... mais aussi parce que si on en survit on en sort changé, atteignant ainsi un point de non-retour très franc.
Ainsi Matt Kalder, son fils et la chanteuse de cabaret Kay se trouvent contraints de franchir la rivière, pour survivre après avoir été rendus vulnérables par le mari de Kay. C'est alors qu'ils vont apprendre à se connaître... Se connaître réciproquement mais également se connaître eux-mêmes. Soumis à cette épreuve, les masques tombent, sauf pour l'enfant qui est trop jeune pour ça.
Le père, incarnant l'homme puissant viril, qui ne recule devant rien, s'adoucit au fil du temps tout en gardant sa froideur.
La chanteuse, vulgaire, un peu perdue et rêveuse réalise plus ou moins son rêve: devenir une femme et s'occuper d'un enfant. Assez extravertie au tout début, celle-ci révèle une toute autre partie d'elle, et finit, par s'endurcir, et devenir très mature, son point d'apogée étant la chanson de fin. ( Dans cette chanson, elle perd son ton frivole et guilleret et fait tressaillir par sa profondeur.). N'étant pas fan de Marylin Monroe, il faut reconnaître que l'évolution du personnage est très réussi.
Et comme une jolie histoire ne se fait jamais sans jolie photographie, Otto Preminger nous offre de jolies images, malgré quelques scènes de trucages qui ont très mal vieilli..
Il arrive à plonger sans peine son spectateur, dans un genre de road-movie (sur une rivière) assez haletant même si trop prévisible.
La musique que l'on retient est essentiellement celle que Marylin offre. Et si elle agace au tout début, elle berce ensuite par le son de la guitare et fait frissonner dans les dernières minutes.