Rivière sans retour repose sur une histoire simple et directe, limite artificielle avec sa succession de péripéties, toutes incontournables du genre film d'aventure/western, à commencer par la fuite en radeau (ici le radeau remplace les chevaux), la première offensive des indiens, la belle demoiselle qui tombe malade, la tentative de viol, les dangers de la nature (ici l'attaque d'un puma), l'infortune rencontre avec des chercheurs d'or, la seconde offensive des indiens ... rien que du très classique, en somme.
Robert Mitchum, récemment libéré de prison, sauve Rory Calhoun et Marilyn Monroe pris au piège à bord d’un radeau à la dérive. Mais aussitôt sauvé, Rory Calhoun lui rend la pareille en volant son cheval. Robert Mitchum, son petit garçon et Marylin Monroe se voient alors contraints de fuir en radeau, poursuivis par des Indiens hostiles. Ils devront faire face à une rivière déchaînée, afin de survivre dans les rocheuses.
Le message de l’histoire reflète le titre du film : passer à autre chose sans avoir de regrets, ne pas regarder en arrière, suivre le courant ... la rivière étant symbolique de la psychologie des deux personnages principaux. Le cinémascope rend justice aux magnifiques paysages canadiens et la chanson-titre est tout aussi majestueuse (et très mélancolique), mais ne nous trompons pas, le vrai centre d'intérêt du film (et le seul ?) reste Marylin Monroe, toujours aussi sublime.
Le film traite de deux attitudes différentes à avoir pour surmonter les difficultés de la vie, l’une dure et inébranlable (Robert Mitchum) l’autre impulsive et d'une douce innocence (Marylin Monroe). Il y a aussi un jeune garçon au milieu de tout ça, qu’ils aiment tous les deux. Nos trois héros se lancent alors dans une aventure imprudente et périlleuse à l’époque de la grande ruée vers l’or. Le couple Robert Mitchum - Marilyn Monroe tient toutes ses promesses et le film exploite à merveille les majestueux paysages canadiens filmés en cinémascope. Mais voilà, à côté de ça il faut se coltiner les nombreuses séquences sur le radeau, filmées en studio avec un effet de transparence très mal intégré au plan final. On est à la limite du ridicule lorsqu'on visualise hors champs les accessoiristes jeter des seaux d’eau sur les acteurs, lorsque leurs personnages respectifs sont pris au piège dans les turbulences de la rivière.
En outre, le film contient quelques scènes violentes, telle une tentative de viol par Robert Mitchum sur Marylin Monroe. C’est toute la dualité de son personnage qui s'exprime ici, avec les frustrations d’un homme conditionné par plusieurs années d’emprisonnement. Robert Mitchum c'est la force tranquille, un acteur habitué des western et qui ici est à son meilleur. Marilyn Monroe quant à elle est sensuelle, excitante et flamboyante comme jamais auparavant.
Avec de longs cheveux blonds et portant un jean bleu serré et du rouge à lèvres rouge vif, la séduisante Marilyn Monroe est totalement hors-sujet dans la seconde moitié du film en tant que jeune aventurière. Dans la première moitié du film, elle gratte les cordes d'une guitare et chante plusieurs chansons, mais aucune d’entre elles n’est réellement mémorable. Mais lorsque arrive le moment où elle interprète River of no return, elle brille de mille feux dans son costume de call girl au milieu du saloon, avec sa voix suave combinée à ses expressions faciales de poupée ... aucun spectateur ne peut résister à ça !
Le film est mis en scène par Otto Preminger, son seul western, lui qui était plutôt un expert du film noir et urbain (je pense surtout à Laura, son chef d'œuvre absolu). Résultat, le film semble presque vide d’enjeux, sans grande ambition narrative et manquant de poésie, malgré la beauté des paysages canadiens. A l'exception de quelques plans et cadrages franchement sublimes, le film n'est pas aussi beau que je ne l'aurais espéré. Au final, Rivière sans retour se révèle être un western assez plat et un film qui plaira donc surtout aux fans de Robert Mitchum et de Marilyn Monroe.