Barry, en mari et père aimant, se soucie de sa petite famille comme de la prunelle de ses yeux. En théorie. Parce qu’en pratique, il suffit qu’une pluie de météores s’abatte sur Terre et que la majorité de la populace tourne en mode zomblard pour qu’il leur balance un clou entre les deux yeux au lieu de s’accommoder de cette nouvelle condition. Plutôt compréhensible me direz-vous et vous n’aurez pas tort. Alors, pour tuer le temps, Barry au hasard de sa route tombe sur quelques bras cassés qui se sont donné pour mission d’éliminer ces encombrants de la surface de la planète. Pendant ce temps, à l’arrière d’un camion, Brooke, la frangine de Barry, est le cobaye involontaire d’un sadique qui s’amuse avec les infectés et qui lui inocule le virus, juste pour s’amuser...
Comme le soulignait si justement Aristote dans sa Poétique bis, parue chez Fly Marion, "le monde sera un jour submergé de zombies, même que la contagion elle aura commencé au cinoche". Et il ne se trompait pas le pote Aristote : les zomblards, c’est un peu comme le sel sur les frites. A force d’en avoir constamment sitôt qu’on veut se payer une petite galette d’épouvante, ça finit par en devenir incommode, indigeste même. Pourtant, au sein de ce mille-feuilles si roboratif qu’il provoque la gerbe, il reste quelques couches si délicieuses que l’estomac du cinéphile, pervers, en réclame toujours plus. Mais ces derniers ne sont qu’une poignée et se comptent sur les doigts d’une main : pour un seul Zombieland combien de Dead Heads, de Dead Air, de Gallowwalkers ? Dès lors, Wyrmwood : Road of the Dead, précédé d’une bonne réputation suite à ses passages remarqués au Fantastic Fest et à Sitgès, semblait taillé pour rejoindre la catégorie des variations zombiesques détonantes. C’est partiellement le cas.
Avec ses faux airs de Mad Max rempli de morts-vivants, Wyrmwood s’avère être un road movie survitaminé riche en exécutions de zomblards qui ne se cantonne pas à reproduire à la lettre les essais antérieurs. Ingénieux, le script des frangins Roache-Turner propose l’une ou l’autre nouveauté tel ce sang de zombie utilisé comme combustible, ce qui contraint les survivants à partager l’habitacle de leur véhicule avec une goule pour le ravitaillement ou encore cette morte-vivante particulière dotée de la capacité de contrôler ses semblables, rappelant ainsi à la créature ses origines haïtiennes selon lesquelles tout zombie est soumis à un maître par le biais du vaudou. Pendant ce temps, une milice facho mène sa propre guerre contre les morts-vivants et met au point des méthodes pour le moins douteuses pour s’amuser in fine avec les créatures. En clair, les frangins empruntent autant qu’ils innovent et réalisent une péloche riche en réjouissances gore et en personnages loufoques (Benny, le side-kick aborigène est tordant).
Wyrmwood remplit le cahier des charges et apporte une touche de fraîcheur à un genre qui, d’œuvre en œuvre, s’est quelque peu ankylosé. Pourtant, le film n’est pas exempt de défauts : son montage syncopé, ses cadrages ultra-serrés, son traitement sonore nuisent quelque peu à une narration assez bordélique.
Critique publiée sur Cinemafantastique