Cela va peut-être surprendre la jeune génération qui découvrirait aujourd'hui cette itération de Robin des Bois, mais ce film fut un carton à sa sortie. Il s'agit tout simplement du deuxième plus gros box office mondial de 1991, la première place étant détenue par... le méga carton "Terminator 2".
Ce n'est en fait pas si étonnant, tant "Robin Hood: Prince of the Thieves" respire les années 90. Kevin Costner et sa coupe mulet, au sommet après le triomphe critique et public de "Dance with Wolves". Morgan Freeman, habitué aux rôles de noirs justes et nobles à l'époque. Christian Slater dont la carrière commençait à décoller. Ou la bonne trogne de Michael Wincott, qui sera abonné aux rôle de tarés/méchants sadiques pendant 10 ans.
Sans oublier la sympathique BO de Michael Kamen, spécialiste des films d'action des années 80/90. BO qui sera d'ailleurs généreusement pompée (avec deux/trois plans au passage) par "Les Visiteurs", sorti peu après.
Ceci dit, plusieurs décennies après, le film vaut-il toujours le coup ?
Il faut avouer que ce "Robin Hood" n'a pas toujours bien vieilli. La mise en scène de Kevin Reynolds offre des moments spectaculaires convaincants, et quelques bonnes idées (ces fameux gros plans / première personne sur les flèches de Robin). D'autant plus que le tournage s'est effectué sur place, en Angleterre en décors naturels, et dans la cité de Carcassonne pour les environnements médiévaux. Ce qui apporte un cachet certain.
Mais la réalisation n'est pas toujours la plus adroite, certains combats étant peu lisibles (trop de gros plan, et chorégraphies laissant à désirer).
Tandis que le scénario a de sérieuses limites. Il y a l'idée amusante d'intégrer un Maure dans l'histoire de Robin, qui permet d'avoir un point de vue extérieur et d'ajouter quelques blagues sur le Moyen-Age. Mais à côté, de nombreuses sous-intrigues sont laissées de côté, ou des personnages ont une importance limitée. On n'en saura pas beaucoup sur la sorcière, ni sur le complot mené par le Shérif de Nottingham, censé être le moteur de l'histoire. La rumeur raconte que le studio aurait fait couper de nombreuses scènes du shérif, afin que Kevin Costner ne se fasse pas voler la vedette par Alan Rickman...
Parlons-en d'ailleurs d'Alan Rickman ! Sa prestation volontairement outrancière du Shérif de Nottingham a fait beaucoup couler d'encre à l'époque... L'acteur semble s'amuser, cabotinant comme un diable à coups de mimiques, roulement d’œils, et agitation de son corps. Mais loin de paraître ridicule, son rôle de méchant s'avère assez vite cartoonesque et très plaisant à voir.
Et puis elle s'accorde avec le manque de finesse du scénario, les méchants du film étant tous habillés en noir, et passant leur temps à ricaner et à tourmenter des innocents...
Pour l'anecdote, l'acteur remportera le BAFTA du meilleur second rôle pour sa prestation, et fera la déclaration suivante en recevant la statuette :
Ce (trophée) sera un rappel sain que la subtilité ne fait pas tout.
Une interprétation qui tranche avec celle plus légère de Kevin Costner, qui a par ailleurs fait le choix culotté de garder son accent américain. Officiellement pour ne pas "distraire" le public avec une imitation d'accent anglais. Un choix qui ne sera pas du goût de tous, et qui sera d'ailleurs moqué dans le "Robin Hood : Men in Tights" de Mel Brook, sorti peu après.
A l'arrivée, malgré ses défaut, ce "Robin Hood : Prince of the Thieves" demeure un divertissement sympathique, très ancré dans son époque. Kevin Costner et Kevin Reynolds tenteront de reproduire ce succès avec "Waterworld", qui anéantira plus ou moins leur relation et leur carrière respective...