Pour moi, le chef d'oeuvre de Stallone! Avec Rocky, Ragging Bull et The Fighters je constitue ma trilogie.
Ragging Bull sacralise le ring à l'intérieur duquel tous les coups sont poétisés. Le personnage antipathique y recouvre toute sa splendeur et limite, tout son sens existentiel.
Les deux autres films sacralisent plutôt le quartier comme le vulgaire prolongement du ring, le quartier où tout se joue, où la fleur pousse dans le bitume.
D'ailleurs je trouve que les deux quartiers se ressemblent avec leur rue transversale qui sépare deux rangées interminables de taudis. L'un est le plus souvent filmé la nuit et l'autre le jour; l'un ignore ses "enfants" sous ses lampadaires indifférents, et l'autre les englue carrément dans la griseur humide du temps toujours dégueulasse. Les personnages attirent une sympathie parce qu'ils sont pris dans leur quotidien, aux antipodes de la gloire sportive. Le mec fait la gueule pour son vestiaire quand même!
Rocky est sincère et n'a personne à convaincre à part lui-même. Il n'est qu'un "vide" qui va se chercher un autre "vide" pour essayer de se remplir un peu. Pauvre Adrianne! Rocky est un pauvre gars qui veut s'en sortir sans tellement croire au rêve américain, un mec qui sait cogner mais pas tellement esquiver.
Tout est poignant dans la simplicité, et bordel ce réveil inhumain qui sonne à 4h du mat, ces oeufs infâmes, son survêt' miteux et la rue, cette rue insensible aux efforts que Rocky s'apprête à accomplir!!
Je ne suis pas déçue que ce soit Rocky qui ait remporté l'oscar du meilleur film contre un excellent film de Lumet, Network mains basses sur la télévision! Si ça avait été le contraire, je n'aurais pas été déçue non plus...