Rocky, bourrin ? Il y a erreur...
Avant toute chose, je tiens à préciser que ma critique sur ce film ne vaut que pour la version originale. Donc tous ceux qui lisent ces lignes en ayant vu la version française pitoyablement doublée, qu'ils ne viennent pas me dire qu'ils ont vu Rocky, car c'est faux ! Si vous n'avez pas vu Rocky en V.O. (même chose pour Rambo ou First Blood), alors vous ne l'avez jamais vu, tout simplement.
Rocky Balboa, c'est un trentenaire pas très futé, et qui l'admet volontiers. Tout comme il admet que la seule chose pour laquelle il soit bon est lorsqu'il doit se servir de ses poings. Prétentieux ? Et bien non. Quel mal y a-t-il à admettre ses qualités lorsqu'on est capable d'avouer ses défauts aussi aisément sans s'en offusquer ? Pour moi, Sylvester Stallone tient là son meilleur rôle. Juste, sincère, attachant, l'homme à la démarche patibulaire et à la parole forte et volontaire se présente ici comme un homme bien, qui a grandi et toujours vécu dans la misère mais qui accepte ce destin sans broncher, et ne rechigne jamais pour filer un coup de main. Homme de main d'un petit caïd du coin, à côté de son boulot, pour lui permettre de manger à la fin du mois, son destin va changer le jour où le champion du monde, ennuyé par le manque d'intérêt de ses combats, décide de demander à un boxeur amateur de l'affronter pour la fameuse ceinture. Bien entendu, ce chanceux, c'est Rocky.
S'ensuit donc l'entrainement que tout le monde a suivi ou au moins entendu parler, accompagné d'un fond musical qui nous prend aux tripes. Car la B.O., de bout en bout, souligne parfaitement l'action et nous plonge avidement dans ce long-métrage.
Contrairement à tous les clichés stupides, Rocky est loin d'être un film de bourrin, au contraire. Tout au long de l'aventure, la satire de la société américaine est omniprésente. Immigration et pauvreté, que ces deux notions sont connexes ! Pourtant, dans la misère, les gens semblent aussi proches que s'ils vivaient dans un petit village à l'écart de tout. Et notre Rocky déambule dans les rues, plaisante avec les gens qu'ils croise, parle fort pour cacher son mal-aise, et se présente comme amical envers la plupart afin de masquer sa tristesse. Puis il rencontre Adrian, la fameuse Adrian (et ne me parlez pas d'Adrienne ! Car la scène de fin en VF où il crie "Adrienne" est proprement ridicule, alors qu'elle est touchante en V.O....). Ces deux personnages radicalement opposés dans leurs personnalités (timidité hallucinante pour Adrian, maladresse et zèle pour Rocky) opposées mais identiques dans le fond : ils sont tous deux bons et sincères. Donc logiquement, ils finissent par se rapprocher.
Bien sûr, les combats de boxe n'ont rien à voir avec ceux de la réalité. Mais comme l'on fait pour certains de ces films riches dans le fond mais parfois pauvres dans la forme (ici uniquement les combats de boxe), on fait abstraction de leur façon de combattre pour se laisser absorber par leurs détermination et motivation de ne rien lâcher et de combattre jusqu'à leur dernier souffle, plongés que l'on est dans cet affrontement grâce à une bande son encore une fois splendide.
Rocky n'est pas un film de boxe en tant que sport. Paradoxalement, tout ce qui, dans ce film, ne concerne pas un combat de boxe, est réaliste. Mais ne vous y trompez pas : le combat ne dure que 10 minutes, et la richesse de Rocky va bien au-delà de l'affrontement final. Sincérité, humilité, détermination, caractère, simplicité, émotions, amour au sens large... Rocky est tout ça à la fois, et restera pour moi indémodable.