Le film commence là où s'arrêtait le premier,soit à la fin du combat opposant Apollo Creed à Rocky Balboa.Bonne idée d'ailleurs que de montrer les conséquences d'un match de boxe,ce qui est rarement fait.Les deux combattants s'en sont tellement mis plein la gueule qu'ils sont dans un état lamentable et doivent être hospitalisés,Rocky manquant même de perdre un oeil et se retrouvant de ce fait interdit de pratiquer le noble art.Il décide alors de prendre sa retraite du ring et de filer le parfait amour avec Adrian,mais il dépense son fric de manière inconsidérée et le voilà vite à sec.Il tente alors diverses expériences professionnelles et,comme rien ne marche,il en conclut que le seul truc qu'il sache faire est de boxer.Ca tombe bien car Apollo,déjà très énervé d'avoir dû aller à la limite des 15 rounds et de ne l'avoir emporté qu'aux points,est excédé par les critiques prétendant que sa victoire était imméritée.Il met la pression sur son adversaire afin que soit organisée une revanche qu'il pense gagner facilement et qui règlerait le débat.Balboa,à la rue financièrement et incapable de se dégoter un autre job,est contraint d'accepter le deal.Après le triomphe de "Rocky" en 76,Oscar du meilleur film à la clé,les producteurs Irwin Winkler et Robert Chartoff ne pouvaient qu'entreprendre une suite,et tout le monde a rempilé sur ce numéro 2,à l'exception du réalisateur John Avildsen.C'est donc Sylvester Stallone,déjà acteur vedette et scénariste du film,qui s'attelle à sa deuxième tentative derrière la caméra puisqu'il venait de faire "La taverne de l'Enfer".L'ambiance réaliste des bas quartiers de Philadelphie dans les seventies est préservée,grâce notamment à des décors bien délabrés et à l'image sale et granuleuse de Bill Butler qui sublime des paysages hivernaux déprimants.Et puis il y a toujours la formidable musique de Bill Conti avec son thème mythique "Gonna fly now",le fameux générique des Grosses Têtes de RTL qui est décliné ici sur différents rythmes.C'est un plaisir sans cesse renouvelé que de replonger dans cette atmosphère,malgré un scénario assez fainéant qui se contente de décalquer celui du film originel avec pour seul changement le résultat du combat final,qui est d'ailleurs spoilé par le titre.De toute manière on s'en doutait,il était évident qu'on n'allait pas refaire tout un film pour que Rocky soit encore battu.Evidemment Sly développe quand même un personnage évoluant naturellement comme tout un chacun.Il se marie,a un enfant,des problèmes de boulot et d'argent,la vie quoi.Le seul questionnement est de savoir s'il va ou non revenir sur le ring mais c'est un faux suspense car on connait d'avance la réponse.Outre ce statut de remake déguisé,le film se révèle nettement inférieur à son modèle,Stallone se laissant aller à une certaine mégalomanie frimeuse.Délaissant quelque peu l'aspect social mis en exergue par Avildsen,il centre l'action uniquement sur un personnage qu'il incarne désormais sans aucune sobriété.La démarche sautillante du héros,ses moulinets des bras sont exagérés jusqu'au ridicule et les scènes too much sont de sortie,comme cette ascension des marches du Museum of Art de Philadelphie qu'il n'accomplit plus seul mais suivi par une horde de gamins fans du boxeur,effet grotesque garanti,comme quand il fait son footing en se faisant acclamer tout du long par les habitants de la ville béats d'admiration.On a droit aussi aux célèbres séquences d'entraînement pas piquées des vers,telle celle où coach Mickey oblige Rocky à essayer de choper un poulet dans une cour.On peut également s'interroger quant à la façon désinvolte avec laquelle le problème oculaire de Balboa est évacué.Le mec est quasiment aveugle d'un oeil,il n'a plus le droit de boxer à cause de ça,mais ça ne l'empêche nullement d'aller se colleter avec le champion du Monde,borgne to win!Surtout que le combat est le copier-coller du précédent avec un Rocky les bras ballants qui se laisse tranquillement bourrer la tronche pendant presque tout le match avant de se réveiller vers la fin.Si un type s'y prenait vraiment comme ça il ne tiendrait pas un round avant de se retrouver à l'hosto ou à la morgue.Pourtant,en dépit de toutes ces approximations plus ou moins étonnantes,le film fonctionne et remplit son office de divertissement jubilatoire,d'autant que le spectateur ne peut qu'éprouver de l'empathie pour des protagonistes modestes et sympas qui recèlent une belle capacité d'identification avec leur public.Stallone en fait donc trop mais il reste cependant émouvant et efficace dans la résilience de Rocky.Toute la distribution originale d'outsiders est de la partie avec Talia Shire,la soeur de Francis Ford Coppola,en épouse aimante,Burgess Meredith en vieil entraîneur bougon au coeur d'or,Burt Young en beau-frère meilleur ami grande gueule mais irrémédiablement fidèle,Joe Spinell en usurier mafieux du quartier et bien sûr Carl Weathers en Creed mégalo à la musculature impressionnante.On voit même passer le colosse Frank McRae en contremaître d'une usine de viande.