J’ai pu assister hier à une rare diffusion en salle du Director's Cut de Rocky IV: "Rocky vs Drago", un remontage massif (accompagné d’une rehausse des couleurs, du son) du plus nanardisant des films de cette grande saga, évoquant – dans son jus – cette époque du début des années 80 et ce combat « froid » entre les USA et l’URSS. Hasard du calendrier. Vraiment?
Un montage modernisé, toujours très fort côté combats avec ces coups que l'on ressent littéralement même enfoncé dans notre fauteuil. Un film encore plus épuré et efficace (modifié à 50% avec des séquences écartées à l'époque) pour une même histoire, très simple, orchestré par les plus grands tubes radio de l'époque. Une histoire où les motivations des combattants sont à la frontière du personnel et de l’idéologique, avec une morale pacifiste toujours maladroite mais bienvenue en ces temps plus que troublés.
Qu’en ai-je pensé ?
Qu’effectivement ce montage est bien plus moderne, dynamique, limpide. Que le film perd en ringard (exit le robot, les scènes de famille assez ratées du film d’origine). Qu’il est un peu plus politique, évacuant la femme de Drago pour mettre en avant quasi exclusivement l’apparatchik soviétique (ou un moyen pour Stallone de faire disparaître des images de son ex-femme ?) Que malgré le soin apporté à la disparition de Creed, les motivations de Rocky pour aller affronter le colosse russe sont désormais plus floues, évoquées par symbolisme dans un montage très clip MTV. Par contre Drago s’humanise au fil des coups, et s’émancipe désormais complètement de son gouvernement pour le dernier round. Il perd ce combat au profit d’une ouverture vers l’entente mutuelle.
Au final Rocky IV, avec ce nouveau montage, devient un étrange film tout autant années 80 dans le traitement des personnages, dans l’histoire et les dialogues – presque un film de super héros tant les protagonistes sont hors normes, surhumains – mais évacue également ce qui en faisait un pur fruit de son époque. Plus efficace, toujours percutant, mais aussi bien plus lisse.
En sortant de la salle ce n’est pas au film que j’ai pensé le plus mais à cette époque qu’il raconte, à son écho dans notre actualité. Si le célèbre discours de paix de Rocky « Alors tout le monde peut changer » reste maladroit et peut prêter à sourire, il gagne à la lumière des jours sombres que l’on vit actuellement un relief et une portée certes naïve, mais bienvenue.
Rocky IV, le film de la paix (mais quand même dans la gueule).