Des costumes sombres et l’obscurité de la photographie ne suffisent pas à réaliser un film noir. Voilà ce qu’il aurait fallu rappeler à Disney et à Gareth Edwards avant de s’attaquer à ce premier spin-off de la franchise Star Wars.
La trame narrative du film fait la jointure entre l’épisode 3 (La revanche des Sith) et le 4 (Un nouvel espoir). Jyn Erso (Felecity Jones, satisfaisante dans son rôle d’héroïne vengeresse), se lance à la recherche des plans de l’Etoile de la mort. Cette arme, capable de détruire une planète entière, est non seulement aux mains de l’Empire galactique, mené par Dark Vador, mais est aussi la création de Galen Erso, le père de Jyn (campé par un Mads Mikkelsen largement sous-utilisé).
Le film de Gareth Edwards échoue à plusieurs niveaux. Le Britannique maîtrise très mal le propos de son film et passe le plus clair de son temps à cocher les cases du cahier des charges de ses producteurs. Ce n’est pas tant une histoire de vengeance qui tient le long-métrage, mais bien les enjeux liés à la résistance et aux contradictions esthétiques qui lui sont intrinsèques. En cela, Rogue One aurait pu être une oeuvre superbe, s’il avait pris le temps de peindre ses personnages avec les couleurs de leurs ambiguïtés. Au lieu de se contenter de leur demander de prendre des airs ténébreux à chaque plan rapproché.
Les ressorts dramatiques de la narration sont expédiés tout du long. Comme si Edwards savait que pendant une heure, son film se trompait de sujet. Et le final, grandiose de maitrise tragique et scénique, le confirme : c’est quand Edwards parle de sacrifice, de cause à défendre et d’idéal, que Rogue One laisse entrevoir le film génial qu’il aurait dû être.
Du reste, Edwards a quelques délicieuses idées de mise en scène. Mais elles n’apparaissent jamais comme de véritables fulgurances. Le réalisateur se contente, pendant plus de deux heures, de faire le boulot et d’offrir d’ici et de là quelques blagues bien senties, et des références qui raviront les fans de la série. Rogue One n’apporte finalement pas grand chose à Star Wars. Si ce n’est plusieurs centaines de millions de dollars à ses producteurs.