Rogue One échoue lamentablement là où The Force Awakens avait remarquablement réussi. Quoi qu'on puisse penser de ce dernier, il avait eu le mérite de nous faire ressentir des choses, en usant et abusant de la nostalgie des fans à l'égard de la trilogie originale. Or, dur de ressentir quoi que ce soit devant Rogue One.


La multitude de nouveaux personnages (une dizaine, si l'on comptabilise uniquement les principaux) est contrainte de se partager le temps à l'écran de manière inégale, pour qu'au final aucun ne vienne se distinguer par son charisme ou sa personnalité. Krennic est méchant sans être aussi froid et calculateur que Tarkin par exemple, Cassian ne va pas suffisamment loin dans son côté barbouze, la rédemption de Bodhi n'est jamais expliquée, Saw est là uniquement pour créer un lien avec le dessin animé The Clone Wars, Chirrut et Baze sont empêtrés dans des clichés innommables ... Reste Jyn (mais devant le manque d'informations sur sa vie de criminelle, difficile d'éprouver envers elle un attachement aussi important que pour Rey) et K-2SO (sympathique, rappelant vaguement HK47, mais loin du potentiel comique de C3PO, R2D2 ou même Chopper).


C'est bien simple, mis à part Tarkin et Dark Vador, rien ne fascine. Sans doute conscients de ce fait, les scénaristes appuient dès que possible sur le bouton "nostalgie", comme pour nous sortir de notre torpeur. C'est souvent lourd, inadapté et pas du tout pertinent (C3PO et R2D2, Ponda Baba et le Dr Evazan, l'allusion à Obi-Wan). Gareth Edwards n'est pas en reste, et fait penser à un gamin inventant des histoire dans sa tête en s'amusant avec ses jouets ("alors là le petit vaisseau il pousse le gros vaisseau"). Tous sont pleins de bonne volonté, mais leur passion presque trop assumée pour la licence Star Wars rend leur copie finale indigeste, digne d'une fanfiction.


On sent pourtant leur ambition de produire un grand film, mais à quoi bon introduire autant d'informations, quasiment jusqu'à l'indigestion (des nouvelles planètes à la pelle, des personnages en veux-tu en voilà, des flash-backs) au service d'une histoire dont on connait de toute manière déjà la fin ? Pourquoi feindre la complexité quand les deux camps se contentent de jouer au chat et à la souris, sans qu'aucun rebondissement ne vienne troubler ce train-train (un traître n'aurait pas été de trop, surtout dans un film de guerre/espionnage) ? Et ne me parlez pas des scènes d'action banales comme pas permis, et dont l'omniprésence réduit à peau de chagrin le développement des personnages. Alors ça oui, ils savent se battre, mais à part ça ? L'impression d'avoir affaire à un film Marvel -avec tout ce que cela comporte de superficialité malgré un enrobage irréprochable- n'est jamais très loin.


Un Star Wars sans sabre-laser, sans Skywalker ? Pourquoi pas, à condition que les enjeux dépeints soient à la hauteur, et que ses personnages nous donnent envie de les rejoindre dans leur quête. Si tout n'est pas à jeter dans Rogue One (la CGI utilisée pour Tarkin et Leia, les scènes avec Dark Vador), la grande majorité du film est bien trop monotone pour en faire un bon film Star Wars. Est-il même un vrai Star Wars ? Entre une "noirceur" surtout caractérisée par des morts subites, une musique pas marquante pour un sou (la passation Lesplat-Giacchino n'a pas eu que des bons côtés) et l'absence de générique, dur de s'en convaincre si ce n'était pas indiqué sur l'écran de fin.


Etait-il réellement pertinent de conter le vol des plans de l'Etoile de la Mort ? Visiblement pas. Car le seul fait de gloire de Rogue One est d'avoir souillé pour l'éternité la licence Star Wars.


PS: Sans Dark Vador, c'était 4.

Ashlor
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vus en 2016

Créée

le 17 déc. 2016

Critique lue 299 fois

Ashlor

Écrit par

Critique lue 299 fois

D'autres avis sur Rogue One - A Star Wars Story

Rogue One - A Star Wars Story
guyness
6

Jeux de lumières, parts d'ombres

Il y a quelque chose de presque magique dans la faculté qu'ont les scénaristes (ils s'y sont mis à quatre ici) pour faire d'une simple phrase dans l'épisode IV un scénario qui tient assez bien la...

le 14 déc. 2016

181 j'aime

39

Rogue One - A Star Wars Story
Gand-Alf
8

Sans retour.

Il va falloir se faire une raison, plus aucun Star Wars ne sera fébrilement et longuement attendu comme ce fut autrefois le cas, le fan devant patienter au minimum dix ou quinze ans pour avoir sa...

le 21 déc. 2016

96 j'aime

17

Rogue One - A Star Wars Story
Velvetman
6

Tropa de Elite

Qu’on se le dise, Hollywood avance ses pions avec ses grandes sagas ou ses grosses franchises mais détourne son regard par des chemins de traverse différents. Au lieu de mettre les pleins phares sur...

le 17 déc. 2016

92 j'aime

3

Du même critique

Le Deuil de la famille - Batman, tome 3
Ashlor
4

Quand Batman n'est plus Batman ...

On ne présente plus Scott Snyder (mais on va quand même le faire, où cas certains eurent atterri sur cette critique par Dieu sait quel miracle). Ayant commencé sa carrière de scénariste de comics...

le 15 févr. 2013

27 j'aime

43

Hit-Girl
Ashlor
8

IT'S FUCKING AWESOME

Jamais en manque d’idées, Mark Millar et John Romita Jr poursuivent leur exploitation de la licence Kick-Ass, après un premier opus passé à la postérité et une suite efficace mais néanmoins...

le 18 avr. 2013

14 j'aime

Avengers
Ashlor
8

La première (vraie) adaptation de comic book

Avengers au cinéma, c'est avant tout un vieux fantasme de fan, devenu encore plus grand quand, en 2008, une courte scène à la fin d'Iron Man présageait la transposition sur grand écran des aventures...

le 26 avr. 2012

13 j'aime

11