En février 2013, après le rachat de Lucasfilm par la Walt Disney Company, Robert Iger le Directeur général de Disney annonce la production de films dérivés de l’univers Star Wars sous l’appellation A Star Wars Story. Ils vont permettre de développer un événement ou un personnage de l'histoire principale. Des rumeurs veulent alors que le premier film dérivé sera centré sur Han Solo et que les films suivants pourraient être autour de Yoda ou Boba Fett.
Pourtant en 2015, Robert Iger révèle Rogue One : A Star Wars Story. Un groupe de héros peu communs s'allient dans une mission pour voler les plans de l'Étoile de la Mort, l'arme de destruction massive de l'Empire. Robert Iger déclare que l'idée de l'histoire vient de John Knoll, le superviseur des effets spéciaux de la prélogie Star Wars. John Knoll dira à ce sujet :
J'ai eu l'idée de Rogue One il y a treize ans, quand nous étions à Sydney pour l'épisode III. À l'époque, George Lucas cherchait des idées pour un projet de série télévisée dérivée de Star Wars. Dans le texte d'ouverture de l'épisode IV, il était indiqué qu'une équipe avait volé les plans de l'Étoile de la Mort, et ça m'avait toujours intrigué. Je me disais qu'il y avait là une sorte de super casse à la façon d'un épisode de Mission Impossible. Mais à l'époque, nous avions mis cette idée de côté car ça ne collait pas avec ce que George voulait faire.
Plus qu’un film de cambriolage, Rogue One est un film de guerre qui tranche volontairement avec la série des films numérotés.
Exit le bandeau déroulant d'ouverture, exit les Jedi, les Sith et autres sabres lasers.
On peut aussi dire au revoir à la musique de John Williams qui était indissociable et indispensable aux productions Star Wars. Ici c’est Michael Giacchino qui s’occupe de la composition, certes moins iconique, mais qui reste inspiré. Il reprendra par ailleurs quelques thèmes de John Williams en les remixant légèrement pour que le spectateur ne soit pas totalement perdu.
À la réalisation c’est Gareth Edwards qui va, grâce à ses précédentes réalisations comme Monsters en 2010 ou Godzilla en 2014, pouvoir retravailler le gigantisme dans Star Wars avec les planètes ou les vaisseaux spatiaux. Il aime jouer avec le rapport d’échelle et on le verra souvent dans Rogue One (la mémorable attaque des AT-AT).
Gareth Edwards va s’appliquer à rendre les combats et les guerres le plus réaliste possible. Sur la planète Scarif, lors de la bataille finale, sur les combats au sol, il va utiliser une caméra à l’épaule pour nous placer au centre de l'action et nous faire sentir la dureté de la guerre.
La bataille de Scarif dégage une forte impression de réalisme, d’ailleurs l'équipe du film n'a pas eu de meilleure idée que d'aller chercher de vrais soldats pour qu'ils participent au tournage. Puis la planète Scarif est une retranscription assez flagrante des paysages vietnamiens. De même que la destruction de Scarif (et celle de Jedha) causée par l'Étoile de la Mort est une référence aux essais nucléaires des États-Unis.
On veut nous montrer l’horreur de la guerre et de la guerre contemporaine. Ainsi, le personnage du Directeur de l’Armée Impériale Orson Krennic personnifie cette horreur. Ben Mendelsohn calque son jeu sur Leslie Richard Groves, l'homme chargé du projet Manhattan durant la Seconde Guerre mondiale (production de la première bombe atomique).
Du côté des protagonistes, des rebelles, rien n’est tout blanc ou tout noir. Pour une fois, les gentils vont devoir utiliser leur côté sombre. C’est surtout Diego Luna dans le rôle de Cassian Andor qui nous introduit la destruction du manichéisme dans Star Wars. C’est une lecture intéressante et qui nous montre que chaque camp est obligé de faire des saloperies pour survivre en période de guerre.
Dans son acte de rébellion, Diego Luna sera épaulé d’une équipe vachement hétéroclite avec Felicity Jones, Donnie Yen, Jiang Wen, Riz Ahmed et le droïde K-2SO. La multiplication de nouveaux personnages pour une histoire éphémère affaiblit leur exposition (surtout qu’on peut ajouter la présence de Forest Whitaker et Mads Mikkelsen). Heureusement leur icônisation intervient pour chacun dans leur mort et leur sacrifice pour l’Alliance Rebelle.
Peter Cushing, décédé en 1994, apparaît dans le film dans son rôle du Grand Moff Tarkin grâce à l'utilisation de la performance capture. Cette technique consiste à greffer des images de synthèse sur les performances d'un autre comédien. Il en est de même pour la Princesse Leia du temps de l’épisode IV, originalement interprété par Carrie Fisher.
Une technologie bluffante que Star Wars réutilisera à maintes reprises.
Janvier 2016, avant la sortie de Rogue One en décembre de la même année, Disney annonce que des reshoots doivent être effectuer. Ils ont peur de voir un film trop sombre. Il y aura un travail de réécriture sur certains personnages pour adoucir les répercussions de la guerre sur les femmes et les hommes. Paradoxalement ce sont durant ces reshoots que la scène devenu culte avec Dark Vador est mise en boîte.
Rogue One est un succès critique et commercial, tout comme l’épisode VII, il dépasse le milliard de Dollars au box-office. Disney peut se frotter les mains avec une licence aussi lucrative que celle de Star Wars.
Jamais la Guerre des Étoiles n’aura mieux porter son nom. Rogue One est épique, tragique, spectaculaire avec sa bataille guerrière désespérée sur Scarif. Il aurait pu être encore plus dramatique avec une écriture plus fine et des personnages mieux définis.