Star Wars - Rogue One : La force tranquille

Si Rogue One n'est certainement pas le film qui fera date dans l'univers de la SF et du cinéma, il a au moins le mérite de représenter une prise de risque (toute relative) et de marquer un tournant dans la galaxie Star Wars. Pas en termes financier évidemment, puisqu'il est et sera une réussite mais en terme de fond et de proposition, Gareth Edwards et la famille Star Wars ont quand même pris quelques virages intéressants et potentiellement risqués.

Des risques bien rapidement assurés tant l'univers de Star Wars est riche de personnages et de chemins à emprunter. Rogue One est le premier de ces chemins : raconter l'histoire entre les 3 et 4ème épisodes. Et il faut avouer que celui-ci s'imbrique vraiment bien entre la fin du 3 et le début du 4. L'écriture de ce Rogue One respectent à la fois la première trilogie et la dernière. Beaucoup moins hommage que Le Réveil de la Force, Rogue One est surtout une passerelle entre les fans et ceux qui tendrait à découvrir l'un des univers les plus riches de la SF. La filiation vers le 4 est peut-être grossière sur la fin mais elle est logique au vue du film. Elle s'imbrique naturellement dans le cours de la saga.

Rogue One est une vraie "Star Wars Story" et je trouve que le principe d'imbriquer ce type d'histoire, sans Jedi, "en dehors" de la trame principale est une riche (et rentable) idée. Elle permet de lier les évènements et de créer des passerelles vers d'autres personnages et d'approfondir d'autres. Capitaine Ando, Galon Erso, Chirrut, Saw Guerrera. Des personnages insignifiants dans un tel univers mais intéressant à travailler dans de tel "Star Wars Story".

Une nouvelle fois, Rogue One ne prend véritablement que peu de risque mais joue sur les points forts de la saga : une identité musicale forte, une imagerie et un univers qui fonctionne, la magie Star Wars fonctionne et Gareth Edwards l'a retranscrit avec beaucoup de talent et de simplicité. Il est aussi bien aidé par une Felicity Jones vraiment impeccable et de deux grosses têtes d'affiches : Mads Mikkelsen et Forest Whitaker. Si les deux campent des personnages assez caricaturaux, ils leurs donnent de la profondeur et leurs performances sont impeccables.
Derrière, le reste du casting est vraiment efficace et les personnages apportent tous une valeur ajoutée. Là, où dans Le Réveil de la Force, on pouvait avoir l'impression que certains, faisaient figuration, ici chacun apporte sa pierre à l'édifice. Du côté sombre, Dark Vador est toujours charismatique à souhait, il est badass, c'est le mal. Il en impose naturellement, son entrée en scène est calibrée, attendue mais elle fait frissonner. Parce que c'est lui. Il fait partie de ces méchants qui s'imposent naturellement à vous.

Et Gareth Edwards a de vraies idées quand il s'agit de mettre en scène l'entrée des personnages. Dans Godzilla (malgré le fait que le film m'ait beaucoup déplu), il avait déjà foutrement bien travailler le rapport de force entre la bête et l'homme. Là c'est pareil, l'ombre de DV est longtemps diffuse.
Visuellement, il y a des plans carrément magnifiques notamment dans la deuxième partie du film. Les batailles spatiales sont toujours un plaisir de gosses terribles, Jedha et Earsu, etc, ont toutes une identité visuelle qui dégage une vraie ambiance.

Rogue One est en plus bien écrit, les révélations et les tournants sont plutôt attendus. Mais, objectivement, on demande surtout à Star Wars de respecter l'univers dans lequel il évolue, et Rogue One le fait parfaitement. Il respecte totalement l'univers dans lequel il évolue tout en étant une nouveauté au vue de l'absence des Jedi, etc. La confrontation entre la Rébellion et l'Etoile Noir, l'intégration de Jyn sont bien menées tout comme les divers rebondissements.

Rogue One est une vraie réussite, qui renouvelle une nouvelle fois l'amour que l'on peut avoir pour cette Saga qui semble certainement la plus passionnante et riche de l'histoire du cinéma. Outre son incomparable effet sur nous, elle arrive toujours à nous faire plaisir sans nécessairement se renouveler. Et c'est peut-être ça la plus grande force de Star Wars.