Critique sans spoil et sans objectivité.
Le Star Wars annuel est enfin là! Cette année on a droit au premier spin-off de la saga, centré sur les événements se déroulant juste avant l'épisode IV, à savoir le vol des plans de l'Etoile de la mort (ou Etoile noire?) par les rebelles. Déjà bien avant la sortie les "fans" ont gueulé au sacrilège en apprenant que certaines libertés seraient prises avec la franchise originale. A savoir l'absence du texte d'ouverture et des sabres lasers. Un pari presque perdu d'avance. Ce qui rend ce succès encore plus beau!
Oui, Rogue One est un succès. Gareth Edwards était surement le meilleur choix pour diriger ce film. Ses Monsters et Godzilla sont, malgré de nombreux défauts, des modèles de réalisation. Il confirme donc son talent.
Nous sommes devant un vrai film de guerre, brutal et violent. Attention, ne vous attendez pas à revoir la scène du débarquement de Spielberg, gore et à la limite du soutenable. L'esprit Star Wars est toujours là et les tripes à l'air toujours absentes donc. Néanmoins les combats sont d'une grande intensité, les stormtroopers touchent leurs cibles (bon, pas toujours mais quand même) et attendez vous à voir de nombreuses morts à l'écran.
Mais, car il y a un mais, pour vivre intensément un film de guerre il faut des personnages principaux développés, pas que de la chair à canon. Et sur ce point l’enthousiasme et clairement plus modéré. Felicity Jones est bien charmante, elle a la gueule de l'emploi mais son personnage est très limité. Si son introduction permet de lui donner de l'épaisseur et une motivation le reste du film la laissera subir les événements et débarquer comme un cheveu sur la soupe dans une histoire déjà bien lancée. La petite n'est pas aidée, il faut le reconnaître, pas un découpage du récit très rythmé, dans la première partie du film les changements de planète et d'atmosphère sont incessants. Je suis incapable de dire en combien de jours se déroule l'histoire.
Son partenaire, Diego Luna s'avère assez transparent, sorte de Han Solo du pauvre. Cela reste relatif bien sur, pas d'idiot insupportable comme Jar-Jar le connard ou de gamin au jeu incertain comme Jake Lloyd. Les autres personnages subissent également un traitement mitigé, heureusement que l'alchimie entre Donnie Yen (Ip Man 1 à 47) et Jiang Wen fonctionne parfaitement. Ils auraient mérité un temps à l'écran plus important.
Un peu de déception concernant Madds Mikkelsen (La Chasse, Hannibal) et surtout Forest Whitaker (Ghost Dog, Le Dernier Roi d'Ecosse) , peu mis en avant et vite expédiés.
Un bon point quand même pour K-2S0 le droïde, drôle sans en faire trop, il évite le syndrome du comic relief exaspérant (hein Jar-Jar le connard?).
Les scènes d'actions compensent heureusement cette impression de bâclage à propos des personnages. Sur terre comme dans les airs (et l'espace) les combats sont nerveux, violents et parfaitement lisibles, une chose rare à notre époque. Les décors sont eux-aussi réussis, d'un réalisme très appréciable, on sent que la guerre est là, tout est moins clinquant et faux que dans la prélogie. Le tout est accompagné par une BO de grande qualité, dans la pure tradition Star Wars mais qui n'abuse pas des thèmes légendaires que tout le monde connait par coeur.
Pour finir, citons le fan service, si le film lui-même n'en est pas déjà dans son entièreté. Il est ici très bien dosé, les quelques touches nostalgiques disséminées ici et là, surtout la fin, sans aucune surprise si on a vu l'épisode IV, mais qui touchera la corde sensible des amoureux de la saga, entre déroulement parallèle et remake de l'introduction du film fondateur.
Enfin, n'oublions pas le seigneur Vador. Son rôle tient du caméo, moins de 5 minutes à l'écran mais des apparitions tellement jouissives, qui rappellent bien que le personnage est surement le plus grand méchant de l'histoire du cinéma.
Une belle réussite que ce Rogue One donc, qui s'intègre parfaitement à un univers déjà très dense en y ajoutant une touche plus sombre et mélancolique.
(ps: Autant l'idée d'un spin-off sur Han Solo me semble casse-gueule, autant en voir un consacré à Obiwan Kenobi et réalisé par Gareth Edwards me rendrait hystérique et encore plus fanboy)