Une chose est sûre, c'est que ce projet avait tout pour inquiéter le public. Le rachat de Lucasfilm par The Walt Disney Company qui engendre des spin-off, certains y verront une bonne idée afin d'explorer l'univers de Star Wars plus en détails, d'autres hurleront au sacrilège et pointeront du doigt les producteurs attirés par l'appât du gain. Il faut dire que ce Rogue One était mal barré, car plus le projet avance et plus les mauvaises nouvelles s'accumulent.


Reshoots à gogo, le réalisateur Gareth Edwards (Godzilla) qui n'aura pas le contrôle total sur son film qu'il accouchera sans doute dans la douleur, le compositeur Alexandre Desplats éjecté du projet et remplacé au pied levé par Michael Giacchino seulement trois mois avant la sortie (et celui-ci ayant pris seulement un peu plus d'un mois pour composer la musique)... Tout poussait à croire qu'on tomberait sur un pétard mouillé, charcuté par des producteurs incompétents et qui sera, tel Alien 3 pour David Fincher, renié par son réalisateur.


Et pour être honnête, moi-même je suis assez perplexe à propos du résultat. Je ne sais pas trop quoi en penser. Probablement parce que le début porte déjà l'empreinte de cet accouchement au forceps. Les problèmes de post-production y sont visibles : première demi-heure absolument rushée, aucun personnage à l'exception de Jyn n'a droit à une présentation concrète (dur de définir le rôle de Forest Whitaker dans tout ça puisqu'on le voit quelques secondes au début avant de le revoir sur Jedha sans qu'on ne sache concrètement ce qu'il a à voir là-dedans), on sent qu'un bon nombre de scènes sont passées à la trappe...


A côté de tous ces problèmes s'ajoute également la BO du compositeur Michael Giacchino. Le pauvre bougre ayant eu seulement un peu plus d'un mois pour faire son boulot, c'est sûr que c'est peu pour donner un résultat mémorable. Et si sa BO aurait pu être pire, si son résultat n'est pas spécialement moche ni même désagréable, on sent le compositeur en mode "pilote automatique", c'est sans grande saveur et ça s'oublie très vite.


Et pourtant malgré tout ça, c'est une drôle d'impression qui m'a envahit durant ma séance. Une sensation de voir un Star Wars, un vrai, qui malgré son statut de spin-off, est conscient qu'il fait partie de la saga Star Wars. L'exemple du spin-off qui sait vraiment apporter des choses dans l'univers préféré des fans. Et un film devant lequel j'ai inévitablement bien pris mon pied.


Gareth Edwards sait comment contenter son public et ne tombe pas dans un vulgaire opus en fan-service mais emballe un épisode digne de la saga dont il fait partie. C'est spectaculaire à souhait, l'utilisation du numérique est loin d'être un problème car le réalisateur sait comment s'en servir, et il nous livre des scènes de destruction tout bonnement impressionnantes et prenantes. De plus, il nous gratifie d'un excellent derniers tiers de film qui contient l'essence-même de la grandeur de la saga. Une bataille spatiale épique comme on n'en a pas eu depuis longtemps (il faut dire que ça manquait dans Le réveil de la force), une bataille terrestre très prenante dans un décor inédit à la saga et une menace toujours plus grandissante qui se profile à l'horizon, le spectateur en a clairement pour son argent et cette dernière partie de film fait son effet.


Le réalisateur a même le culot de nous sortir une fin où tous nos héros meurent dans un climax foutrement efficace. Certes, c'est prévisible qu'ils finissent par trépasser, vu que ça ne reste qu'un spin-off avec des personnages dont on n'entendra jamais plus parler, mais ça fonctionne parfaitement, voir Jyn et Cassian faire face à leur fin est pas mal déchirant. La scène est très sombre et finit, malgré tout, par laisser place à l'espoir avec le petit caméo de notre chère princesse "pains aux raisins" Leia.


Comme je l'ai dit, Gareth Edwards ne tombe jamais dans le fan-service facile et sait maîtriser les clins d’œils. Ils sont plutôt discrets globalement, et très appréciables, même s'ils ne sont pas tous intégrés de manière subtile, comme le caméo de deux certains droïdes dont je n'ai pas besoin de mentionner les noms.


C'est aussi une bonne initiative de faire réapparaître Peter Cushing entièrement en images de synthèse et force est de reconnaître que le boulot là-dessus est efficace. En revanche, ça passe un peu moins pour la princesse Leia dont le CGI est très visible, ça aurait été mieux de la conserver de dos, mais ça ne dure que quelques secondes, donc ça passe.


Sans oublier les apparitions de notre cher Dark Vador toujours avec sa profonde respiration qui fait frisonner, et toujours avec la voix de James Earl Jones en VO, seulement trois apparitions mais trois apparitions de classe absolue. A peine il entre dans la scène qu'il écrase tout autour de lui de par son charisme machiavélique légendaire.


A tout cela s'ajoute une bonne galerie de nouveaux personnages. L'héroïne Jyn Erso ne tombe pas dans la redite de Rey dans Le réveil de la force. C'est une fille forte et parfois violente mais on la sent aussi fragile et parfois dépassée par les événements, par exemple sur Jadha, lors de la fuite après l'explosion. Elle sera accompagnée durant le film de l'officier de renseignement de l'Alliance Cassian Andor, du guerrier aveugle et spirituel Chirrut Îmwe, du mercenaire Baze Malbus, du pilote Bodhi Rook et du droïde K-2SO, qui ne tombe pas non plus dans de la redite du droïde C-3PO. Tous sont très bien interprétés par d'excellents acteurs et sont très charismatiques (surtout Chirrut, joué par un Donnie Yen qui déborde de classe), même s'ils n'ont malheureusement pas tous droit à une présentation concrète.


Enfin, chose très importante à souligner, l'ambiance du film est franchement un gros point fort. Rogue One se paye le luxe de disposer d'une ambiance très sombre, avec quelques instants d'éclaircies, mais globalement, la noirceur l'emporte sur le léger. Quelques touches d'humour sont présentes, notamment par le biais du droïde K-2SO qui apporte quelques répliques cyniques et drôles, mais elles ne se font pas envahissantes. Gareth Edwards maîtrise l'ambiance qu'il impose et fait parfois écho à notre monde de manière intelligente.


On est passé proche du grand Star Wars ! Au final, le résultat est tout de même plus que satisfaisant, mais on aurait sans doute pu avoir mieux si Gareth Edwards avait eu le contrôle total sur son film et s'il avait ajouté plus de temps au début pour moins donner une impression de rushé. Mais pour reprendre le dialogue final, ce film apporte l'espoir. L'espoir de voir qu'une telle saga a encore le potentiel de nous apporter de belles choses. Rogue One est certes un spin-off et n'est pas dénué de problèmes, mais il est aussi et avant tout un vrai Star Wars.


Malgré l'absence de sabre-laser. Ou presque...

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le 18 déc. 2016

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Nick_Cortex

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