Argentine, années 70. Lors d'un dîner dans un restaurant avec son épouse, Claudio est violemment pris à parti par un inconnu et l'altercation dégénère dramatiquement. Claudio fait en sorte d'étouffer l'affaire mais il est rattrapé par le fait divers.
Rojo est un drame argentin de Benjamin Naishtat sorti en 2019.
Attention, cette critique risque de vous spoiler.
Rojo débute avec l'altercation violente entre Claudio et un inconnu qui tente de se suicider avec un revolver après s'être battu avec lui.
Claudio abandonne l'homme mourant dans le désert mais, trois mois plus tard, un détective vient le trouver pour enquêter sur cette disparition.
Consacrant son film à l'Argentine des années 70, le réalisateur a privilégié une réalisation "old school"
Le réalisateur argentin admire le cinéma américain des années 70. Cela se voit dans sa réalisation plutôt vintage. Une photographie et une esthétique années 70, des ralentis et des zooms en pagaille font incontestablement penser au cinéma américain des seventies. L'ensemble a pour but de mettre en exergue le coté paranoiaque et lâche de la société argentine de l'époque dont les notables avaient choisi de regarder ailleurs alors qu'un coup d'état se préparait et que les disparitions se succédaient (ainsi que les spoliations de biens mobiliers et immobiliers) dans le pays, dans la plus grande indifférence. Claudio, le personnage central est un notable, fier de son parcours. Sans être vertueux, il n'est pas particulièrement mauvais et même s'il essaie de tirer avantage de la déliquescence que traverse son pays, son personnage n'est pas manichéen.
Cet attachement des cinéastes à tourner sur le comportement de leurs ainés lors de pages d'histoire récente, violente et douloureuse (dictature militaire de 1975) n'est pas une nouveauté (La Historia official....).
Propos inabouti
Si formellement, l'exercice peut séduire, j'ai trouvé que la réalisation "pêchait" cependant par son caractère inachevé et parfois incohérent.
Confronté au détective Sinclair, d'origine chilienne, qui va finir par le faire "craquer" en accumulant de façon inexplicable énormément d'indices, Claudio va reconnaitre l'abandon dans le désert du corps de l'homme qui l'a agressé. Joué par un des acteurs fétiches du réalisateur Pablo Larrain, le très bon et très inquiétant Alfredo Castro (Tony Manero, No, Post Mortem...), j'ai souri intérieurement quand le détective chilien a expliqué à l'avocat argentin que son pays était dans le pétrin et qu'avec des gens comme lui, cela ne pouvait pas s'arranger. Venant d'un ressortissant du Chili de Pinochet qui laissait les criminels de droit commun agir en toute impunité (comme le montre le film Tony Manero), on peut pourtant sérieusement en douter...
Sur le fond et bien que démasqué, Claudio va continuer sa petite vie comme si de rien n'était entre son épouse et sa fille.
Le film s'attachera à entretenir durant toute sa durée l'ambiance anxiogène, d'insécurité et d'impunité propre à l'Argentine de ces années là. On peut voir dans cette volonté de laisser le spectateur au milieu du guet un choix délibéré du réalisateur même si c'est un peu frustrant pour la dimension thriller d'un film dont le rythme est déjà très lent.
Ma note: 5/10