Deux mois après la libération de Rome, Roberto Rossellini tourne Rome Ville Ouverte, inspiré de quelques vrais récits et qui sera récompensé par la palme d'or. Il nous fait suivre un groupe d'Italiens vivant sous l'occupation nazie avec comme personnages centraux Manfredi qui est le chef d'un réseau de résistance, Don Pietro, un curé catholique et résistant ou encore Pina, une jeune veuve vivant avec son fils et qui cache Manfredi.


Ce qui frappe d'emblée, c'est le côté très réaliste du film. Le réalisateur italien nous transporte littéralement dans cette époque et, dès l'ouverture, il donne le ton avec une image assez obscure et la Gestapo entrant dans un immeuble pour capturer le chef d'un réseau de résistance. Puis, peu à peu, Rossellini met son intrigue en place et met en scène des personnages confrontés à l'occupation nazie. C'est aussi par ce réalisme et cette impression d'être à côté des personnages qui les rend intéressants, tout comme les enjeux et la façon dont il nous fait ressentir cette peur constante qui plane sur les protagonistes.


Il met en scène une partie d'un peuple qui a soif de liberté et qui est prête à tout pour la retrouver. Ces personnes ne sont pas systématiquement des héros mais juste des gens normaux comme on peut en trouver à chaque coin de rue, ils représentent plusieurs étages de la société allant d'un prêtre à la femme d'un ouvrier. Vivant caché, ne pouvant se fier qu'à très peu de personnes et avec, à chaque instant, une épée de damoclès au-dessus de leur tête, prenant des risques pour leurs idéaux. À aucun moment, il ne cherche à glorifier les personnages, Rossellini sachant faire preuve d'une remarquable justesse et inteligence, ne rendant leurs actes encore plus émouvants et intéressants.


C'est même quasiment documentaire tant le réalisme, accentué par d'excellents décors naturels qui se fondent dans le paysage cinématographique de l'oeuvre, est omniprésent, tout comme le traitement juste du cinéaste italien. C'est donc sans concessions qu'il montre l'opposition entre les résistants et les nazis, parfois aidés par des gens du peuples. Plusieurs scènes, et surtout la dernière partie du film, sont marquantes, sans non plus tomber dans la lourdeur et la démonstration, mais d'une grande sobriété. Rossellini bénéficie aussi d'une talentueuse distribution, les acteurs et notamment Anna Magnani rentrent à merveille dans la peau de leur personnage et, jouant d'une manière toujours juste, participent à la réussite du film.


L'un des films fondateurs du mouvement du néoréalisme qui n'a rien perdu de sa puissance et de son réalisme à travers le temps malgré une post-synchronisation non sans défaut et une restauration qui se fait attendre. Rosselini propose une oeuvre forte et juste sur la vie romaine durant la guerre et signe le premier film d'une trilogie complétée par Paisà en 1946 puis Allemagne année zéro en 1947.

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le 5 sept. 2015

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Docteur_Jivago

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