Romeo et Juliette est devenu un mythe, c'est l'histoire d'amour éternelle dont tout le monde a entendu parler un jour. Franco Zeffirelli fort de son succès l'année précédente avec la Mégère apprivoisée, déjà de Shakespeare, en tire un film somptueux. C'est la première fois que la tragédie des amants de Vérone est traitée aussi magnifiquement et avec autant de réalisme dans la reconstitution d'époque, il n'y avait qu'un réalisateur italien capable de comprendre cette histoire, mais Shakespeare étant Anglais, il fallait que les Anglais soient investis dans la production, aussi cette production anglo-italienne a permis grâce à ses gros moyens une adaptation digne du grand Will, qui restera l'un des plus grands scénaristes de l'histoire du cinéma.
Cette version est bien supérieure à la version hollywoodienne de George Cukor en 1936, parce que Zeffirelli a un goût formidable pour la magnificence, il rend hommage à la plus italienne des pièces de Shakespeare d'une façon grandiose grâce à une mise en scène virevoltante, une direction artistique soignée, des costumes superbes, une musique de Nino Rota envoûtante, et surtout en respectant le texte du grand Will.
L'un des atouts est l'interprétation qui réside dans un mélange d'acteurs italiens et britanniques comme Michael York qui campe un Tybalt rageur, John McEnery en Mercutio et surtout Olivia Hussey qui démarrait une carrière de belle façon dans ce rôle de Juliette ; en plus, pour la première fois aussi, le couple Romeo Montaigu et Juliette Capulet ont l'âge de leurs rôles, ce sont des adolescents insouciants et passionnés qui se préoccupent peu des conséquences de leur amour opposant leurs familles rivales, ils sont à la fois fougueux et pleins de douceur, et il en résulte une grande émotion au sein d'un spectacle chatoyant de la Renaissance.