Quelques années avant Kechiche et le triomphe de "La vie d'Adèle", le cinéaste espagnol Julio Medem proposait sa propre version d'une romance homosexuelle féminine, avec "Habitacion en Roma" (2010).
La comparaison s'arrête là, car quand le réalisateur franco-tunisien traitait une histoire d'amour du premier au dernier jour, Medem imagine une passion en forme de one night stand, respectant les règles de la tragédie classique : unité de temps, de lieu et d'action.
D'autre part, quand Kechiche adopte un style résolument naturaliste, son homologue espagnol préfère le lyrisme.
Alba est espagnole et définitivement lesbienne, tandis que Natasha est russe, hétéro, et a prévu de se marier ; la petite brune et la grande blonde se rencontrent à Rome, berceau de la Renaissance et des Beaux-Arts, où le destin va les pousser dans les bras l'une de l'autre, à l'occasion d'une nuit d'errance alcoolisée.
La suite s'apparente à une passion torride, un jeu de rôles au cours duquel chacune va se livrer progressivement...
Clairement, Julio Medem nous raconte une belle histoire, dans laquelle font merveille la beauté et le talent de ses deux actrices. Problème : on n'y croit pas une seconde.
Forcément, on est touché par la force des sentiments, mais en aucun cas bouleversé comme chez Kechiche, car l'identification est pour le moins laborieuse dans ces conditions, d'autant que les scènes de sexe apparaissent infiniment moins crédibles.
La mise en scène s'avère raffinée, la bande originale somptueuse, la photo élégante...
De plus, les comédiennes Elena Anaya et Natasha Yarovenko sont magnifiques et donnent le meilleur d'elles-mêmes dans des conditions pas évidentes, en tenue d'Eve le plus souvent.
Au final, un joli film atypique et imparfait qui mérite quand même le coup d'œil.