J'ai revu Rosetta il y a deux jours, grâce à la rediffusion d'Arte. Je peux dire qu'à chaque fois que je le vois, j'aime toujours autant ce film.
C'est d'une part, l'un des meilleurs films des frères Dardenne, qui d'ailleurs les a fait connaître au grand public.
Et d'autre part, c'est la révélation d'Emilie Dequenne, une actrice que j'adore et que j'ai aussi vue au théâtre (elle est tout aussi formidable), qui lui a valu la palme d'or à Cannes pour son interprétation.
Cette façon de filmer des Dardenne, tout près du corps de l'acteur, partageant tous ses gestes, toutes ses attitudes, nous le rend tellement familier; on a l'impression de vivre avec lui. L’histoire de cette jeune chômeuse, en marge, vivant avec sa mère alcoolique dans un camping, est très touchante car elle nous donne à voir la souffrance de ces gens exclus de la société.
La façon dont elle se débat pour survivre, pour trouver un travail qui la rendrait "normale", pour essayer de sauver sa mère des ravages de l'alcool nous la rend presque guerrière. C'est un petit soldat, prêt à tout, même à trahir le seul qui veut l'aider. Les plans serrés nous empêchent de voir la situation autour, cette ville de Seraing en Belgique, ancien berceau de la sidérurgie, dévastée par les fermetures d'usines et le chômage. Mais c'est quand même bien là que ça se passe, c'est bien là le terrible contexte, et c'est la volonté des Dardenne de ne pas donner à voir ce contexte pour se centrer sur la situation individuelle de Rosetta.
La fin du film est très belle car elle donne une ouverture, enfin un chemin pour sortir de l'impasse.