Desplechin, personnellement, je ne connais pas bien, étant resté sur la déception "Trois souvenirs de ma jeunesse", avec notamment des dialogues ampoulés et deux jeunes comédien(ne)s têtes à claque s'exprimant avec affectation…
La sortie de ce polar social était l'occasion idéale de redonner une chance au réalisateur originaire de Roubaix, qui signe donc par la même occasion un hommage à sa ville natale, durement touchée par la pauvreté et le déclin industriel.
Et pendant toute la première partie, "Roubaix, une lumière" s'avère une franche réussite, un polar choral à hauteur d'homme, qui présente le quotidien d'un commissariat, invoquant les fantômes de Tavernier ("L 627") et Maïwenn ("Polisse"), dans un style différent propre à Desplechin.
Celui-ci installe une atmosphère ouatée et hypnotique, souvent nocturne, parvenant à magnifier la misère locale par une photo assez douce, quelques jolis plans de la ville (notamment une très belle séquence vue des toits), et une violence laissée hors-champ la plupart du temps.
Dommage que Desplechin renonce à cette structure chorale dans la seconde partie, préférant se concentrer sur une seule affaire, celle qui lui a donné envie de faire le film, après avoir découvert ce sordide fait divers dans un documentaire.
Malgré la performance remarquable du duo Léa Seydoux - Sara Forestier, dans le rôle de deux jaunes paumées à la relation complexe, cette deuxième moitié s'avère moins captivante, à mesure que le film se rapproche effectivement du registre documentaire.
L'impression d'ensemble reste néanmoins positive, même si la figure christique du commissaire Daoud (Roschdy Zem) pourra faire sourire par son côté infaillible et éternellement bienveillant, surtout à côté des ses collègues outrageusement braillards.
"Roubaix, une lumière" s'apparente davantage à une chronique sociale qu'à un véritable polar (les amateurs de thrillers à suspense doivent clairement passer leur tour), mais la balade dans cette cité déchue ne manque pas d'intérêt.