Fin du monde VS fin du mois

Pour ceux qui ont connu les années 80, le titre évoquera sans doute "Zone rouge" de Robert Enrico, qui empruntait déjà le registre du thriller écologique, comme Farid Bentoumi.
Un genre plutôt sinistré dans le cinéma français, alors que côté américain on a pu voir ces dernières années des films tels que "Dark Waters", "Promised Land", "The East" ou "Erin Brockovich".

A l'arrivée, "Rouge" constitue une réussite mineure, un bon petit film au propos pertinent, mais sans doute limité par sa volonté didactique.
S'inspirant librement du cas de l'usine Alteo de Gardanne, Farid Bentoumi pose les bonnes questions, en évitant intelligemment tout manichéisme : le film n'oppose pas de purs justiciers à de méchants pollueurs, mais montre que chacun a ses raisons et surtout ses priorités : écologie VS défense de l'emploi (illustration de l'affrontement symbolique "fin du monde" contre "fin du mois").

En même temps, les problématiques apparaissent un brin scolaires et schématiques, à l'image du personnage de la journaliste (Céline Sallette) qui prend de l'ampleur dans la seconde partie du film, et surtout de son ex-compagnon, membre d'un collectif adepte de méthodes coup de poing.
Plus généralement, je n'ai guère été convaincu par la dimension thriller, qui occupe le dernier tiers de "Rouge" : on ne ressent guère de tension, et certains passages évoquent un téléfilm du service public.

Heureusement, le film peut compter sur une interprétation solide, à commencer par l'excellent Sami Bouajila, qui retrouve Bentoumi après "Good Luck Algeria", le premier long-métrage du réalisateur.
De même, Zita Hanrot se révèle convaincante en jeune infirmière déboussolée, partagée entre ses convictions profondes et l'amour des siens, tandis qu'Olivier Gourmet, cantonné dans un second rôle, démontre une nouvelle fois son incroyable charisme, notamment lorsqu'il s'agit de jouer des salopards.