On reste convaincu que Rouge est un film nécessaire, même si l'on ne peut s'empêcher de penser à Erin Brokovich, Dark Waters ou au prochain Minamata en voyant l'histoire de la jeune trublionne qui veut sauver des vies en enquêtant sur les déchets hautement toxiques produits par une usine de métallurgie, et se confronte à une magouille plus grande que prévue. Employés soudoyés, blessures graves passées sous silence, problèmes de santé soignés avec le chéquier... On est d'autant plus choqué et à fleur de peau devant ces pratiques (que le film n'aurait même pas eu besoin de préciser au générique de fin comme étant tirées de faits réels que l'on s'en est douté de suite) que cela continue, avec à présent des couvertures éhontées (ici : Les Verts !). Un comble, on croit à un début de blague de bar, mais non, la plaisanterie est bien triste et réelle : les pollueurs se rachètent une conduite, un logo "propre", une image populaire, en glissant de généreux pots de vins et poignées de mains intéressées - et intéressantes - aux candidats écolos (ripoux, évidemment non représentatifs des "vrais" Verts qui luttent pour démasquer ces beaux-parleurs). Dans leur rôle père-fille entre dualité et complicité fusionnelle, Zita Hanrot et Sami Bouajila étonnent dans le très bon sens du terme, on ne peut que s'attacher à eux, comprendre leurs motivations (même mauvaises, dues à un aveuglement, une auto-persuasion volontaire qui dure depuis des dizaines d'années) et vivre leur calvaire qu'on devine être celui de milliers d'autres travailleurs prenant trop de risques, cachant une vérité qui dérange, contribuant malgré eux à une catastrophe écologique irréversible. Malgré ses airs de déjà-vu, ses ressorts narratifs que l'on devine "un brin" exagérés pour les besoins du scénario (la fin), Rouge se place parfaitement comme un Erin Brokovich à la française, servi par son duo en tête d'affiche excellent, et une intrigue qu'il nous tarde de considérer comme obsolète, et non plus le reflet d'une triste réalité. Employés exploités, Nature piétinée, mensonges éhontés : c'est carton Rouge.

Aude_L
7
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le 22 août 2021

Critique lue 322 fois

4 j'aime

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