Une forêt grisâtre, une musique qui réveille des souvenirs d'enfance enfouis au plus profond d'entre nous, une renarde qui trace à grande vitesse vers un destin dont nous nous doutions tous. Syndrome Bambi. D'ailleurs, Rox & Rouky peut être assimilable à un prolongement, voir une amélioration de ce dessin-animé culte, notamment par sa trame et les thèmes qu'il aborde.
Mais durant sa course, elle tenait son bébé qu'elle a su déposer discrètement dans un lieu béni. Ce bébé, c'est Rox. La veuve Tartine va le prendre sous son aile, sous l’œil omniprésent, presque maternel, de Big Mama qui veillera au grain. Dans la maison d’à côté, Rouky, chiot de chasse (et non chaud de chiasse) débarque fraîchement chez Amos Slade, sous l’œil protecteur autoritaire et bienveillant de Chef.
Comment ne pas être affecter par ces relations ? La solitude et la détresse de la vieille dame ainsi que celle de Rox, qui s'unissent pour donner naissance à un bonheur béni. Et ces deux chiens, ce petit Rouky ingénu pris sous la patte de Chef, déjà sur la pente raide de la retraite, véritable symbole d'un malaise sur le troisième âge, trop vite dépassé et débarrassé.
Rien n'est plus subjectif qu'un avis sur un dessin animé de son enfance. Pourtant celui-ci est si riche, rien que par ses personnages, avec ce renard naïf, si mignon, une bestiole dans un monde qui ne lui est pas destiné. Big Mama la voix de la sagesse qui est comme une deuxième maman, avec ses réflexions substansielles. Puis ces deux volatiles, Pinker et Dirky, éternels traqueurs de chenille. Et cette dame si douce en manque d'affection, qui tombe amoureuse dès le premier regard - tout comme le spectateur - sur cette splendide bête rousse...
La rencontre est inévitable entre nos deux bestiaux. Très vite, ils vont faire copain-copain en faisant une partie de cache-cache sous l’œil attendrit de la grosse chouette. Rarement une scène n'aura été si mignonne, c'est une émotion incroyable transmise par ces enfantillages. C'est niais mais parfaitement en concordance avec la jeunesse. Amis pour la vie, qu'ils disent.
Ce 24ème classique d'animation Disney est une merveille de naïveté, de beauté, et d'insouciance. Jamais une amitié aura été si bien représentée dans toute son évolution. Comme lors de cet au-revoir, de Rouky qui part faire son initiation à la chasse, où il aboie pour son ami, pour un long départ. Où s'en suit un somptueux dialogue sur l'accomplissement et l'évolution relationnel par Big Mama, qui met en garde notre cher ami sur l'éducation. Une éducation qui forme un être. C'est la liberté face à la sévérité. Amis pour toujours qu'il disaient.
Tu sais, « pour toujours », c’est un temps très très long. Mais le
temps a une façon bien à lui de changer les choses...
Le temps est plus fort que des promesses infantiles, Rox devient une véritable gêne dans ce monde qui ne lui convient pas. Madame lance un dernier regard, contemple des photos souvenirs du dernier 'homme' à l'avoir aimé, lui donne des ultimes caresses. Et ça y est, les yeux s'écarquillent et s'humidifient. Ce petit con, lui, il est tout content de cette promenade... jusqu'à qu'il comprenne. La femme repart seule, le soleil laisse place à la tempête et la pluie. Pluie qui coule sur certaines joues également.
Cette production Disney est la dernière a être faite entièrement d'animation traditionnelle, et ça se ressent dans ces décors, si beaux, bien loin des prochaines putasseries numériques. Et cette forêt, en plus d'être jolie, représente une nouvelle étape dans la vie de notre beau renard. Entre ce vieux blaireau seul et ronchon, qui se plaint des étrangers, et cette gentille porc-épic sans compagnie hébergeant Rox : nous avons là une bien belle peinture sociale sur l'adaptation en société, où se côtoient racisme de tête, de provenance, ainsi qu'entraide bienveillante et quelque peu érotique. Au même titre, le très usé Chef, passe à l'arrière de la voiture.
Après la pluie, vient l'arc-en-ciel. Cette écharpe du tonnerre est rousse, c'est Vixy, petite renarde, nouvelle compagne. Changement de copains, ainsi va la vie. Malgré tout, la chute est belle, pleine d'espoir malgré les différentes crises lacrymales. Les souvenirs sont plus fort que tout, la chenille devient papillon et s'envole, Rox aussi et garde toujours un œil vers son passé mais en compagnie d'une femme. Ode à la vie.
Ce film, c'est ma perfection, un film capable d'émerveiller avec cette histoire si touchante, de faire rire avec nos deux drôles d'oiseaux, comme d'anéantir. Mes yeux n'y résistent jamais, et cela même après une vingtaine de visionnage. Une histoire si simple, si belle, si dure, et si vraie.
Je veux un renard.