Elle faisait peur cette adaptation moderne du classique d'Edmond Rostand, surtout avec aux commandes un tâcheron tel Fred Schepisi et Steve Martin en vedette. Pourtant, le film sait rapidement nous rassurer sur ses intentions, si bien que le malaise précédant la découverte s'estompe très vite pour laisser la place au sourire et au plaisir. D'ailleurs, si ce « Roxanne » est en définitive si sympathique à nos yeux, c'est qu'il ne prétend jamais égaler la pièce originale, simplement lui apporter un pendant beaucoup plus léger.
Cette volonté est d'ailleurs peut-être poussé un peu trop loin : on échappe pas à quelques scènes aussi prévisibles que banales, et le dénouement presque « bisounourseux » est un peu « too much ». Reste qu'il y a de la verve, de l'esprit, du rythme et quelques passages délectables (celui où C.D. ridiculise un abruti en trouvant 20 vannes sur son nez imposant : un grand moment d'humour), ce qui n'est vraiment pas donné à toute comédie.
Et puis, j'ai beau le critiquer (à juste titre) sur sa carrière Steve Martin, il n'en est pas moins un remarquable comédien lorsqu'il se donne la peine de bien choisir ses projets, parfaitement secondé par une Daryl Hannah sublime, et faisant une fois de plus étalage de son charisme et de son talent. Mais comment une telle actrice a t-elle pu être aussi mal utilisée par Hollywood quand on voit des actrices infiniment plus fades y triompher? C'est à n'y rien comprendre. Mais je m'égare et c'est pourquoi je me contenterais d'écrire que « Roxanne » est de ces très jolies comédies dont on sort le sourire aux lèvres : la satisfaction est donc de mise.
Modeste ajout suite à un revisionnage :
Deuxième visionnage pour « Roxanne », un peu moins séduisant que le premier mais restant une jolie transposition moderne du classique intemporel d'Edmond Rostand. Si le film manque peut-être parfois un peu de saveur et de légèreté, la réalisation de Fred Schepisi restant globalement fonctionnel, il sait toutefois remettre au goût du jour avec malice le récit du légendaire Cyrano de Bergerac, interprété avec... panache par Steve Martin dans ce qui est sans doute un de ses meilleurs rôles.
Certaines scènes mythiques (la tirade du nez, celle du balcon) sont ainsi modernisées avec ingéniosité (et un langage parfois moins châtié!), permettant de passer globalement un bon moment. Et si l'on peut trouver que le scénario privilégie un peu trop (notamment lors du dénouement) la comédie au drame, le facteur X est clairement Daryl Hannah. Au-delà d'un physique sublime, sa présence, son charme sont des atouts indispensables à la (petite) réussite de cette production un peu anecdotique, mais permettant de mettre en avant la qualité, la modernité exceptionnelles du matériau d'origine.