Cette critique n'en est pas une.
Une bonne claque sur la tronche quand même ce film, mais pas tant que ça, Quentin Dupieux aurait pu aller plus loin.
Qu'est ce que l'absurdité pure, le non-sens total ? Un pneu qui tue des gens sans raison apparente et est attiré par une jeune fille ? Ca se peut...
Quentin Dupieux (Mr. Oizo) nous propose une vraie peinture du "no reason", qui occupe toutes les salles de cinéma et même notre vie depuis toujours. Ce no reason qui fait que Joe accepte Mr. Orange dans son équipe de braqueurs sans le connaître ou encore qu'un hôtel isolé en plein hiver fasse péter les plombs à toute une famille qui l'occupe...
Cette peinture, elle est absolument comique. Arbuste. Elle est caricaturale, s'amuse même avec les codes du cinéma, provoque une mise en abîme du spectateur par rapport au film (double vision). Spectateurs acteurs, qui influent sur l'histoire, mais qui sont finalement dans l'ensemble bien cons... Méfiez-vous des dindes !!
Peinture à l'esthétique réussie. La photographie est parfaite, aride, désertique. On comprend mieux le souhait de Dupieux de tourner ça aux Etats-Unis. Les lieux sont parfait pour les déambulations de ce pneu fou, véritable road movie sur courte distance, un peu à la manière de "Tueurs Nés". Pneu psychopathe, grand méchant, qui pourrait paraître parfaitement innocent mais qui voudrait peut être juste venger son espèce. Le génocide de pneus vers les 3/4 du film pourrait presque nous faire réfléchir. Mais bon, ça m'étonnerait que Dupieux ai voulu éveiller nos consciences sur le matérialisme ou la xénophobie... Ca serait hors propos de toute façon, tout est censé être sans raison, donc son film également.
La musique envoie du lourd au fur et à mesure que l'histoire avance, elle nous rappelle les origines de Mr. Oizo, membre de la french touch de chez Ed Banger, pas forcément ma tasse de thé, mais en plein film, de l'electro grasse ça ne se refuse pas. Dupieux a une vraie habilité avec la camera. BARBE. Il réussit à nous faire suivre pendant un quart d'heure muet l'éveil du pneu. Il nous fait découvrir son incroyable pouvoir... Absurde. Les scènes où le pneu éclate la tronche de quelqu'un ou fait exploser un animal sont d'ailleurs toutes sur le même fonctionnement. Plans alternés sur la victime/le pneu, musique montante, son aigu de crécelle ou d'un truc du genre, et boom. L'absurdité a ses limites, Dupieux respecte quand même ses propres codes !
Finalement, j'ai presque un regret de ne pas avoir eu le droit à plus de folie. Cette absurdité reste assez contenue. Oui le mec qui veut empoisonner le spectateur s'empoisonne lui-même, oui le pneu n'a aucune raison d'être, oui le titre du film s'affiche en plein milieu d'une scène, mais franchement, où sont les grenouilles volantes, les chevaliers du moyen-âge qui viennent faire une partie de baby-foot et les lampadaires de 30 centimètres ? Il y a encore trop de raison dans ce film ! Alors oui, ça en fait un film agréable à suivre et compréhensible tout le long, mais le propos de départ nous semble finalement assez lointain et malgré cette espèce de parodie policière excellente il faut bien le dire, l'histoire ne nous emmène pas dans grand chose d'autre. J'ai quand même envie de me dire, tout ça pour ça ?
Il n'empêche que c'est drôle, bien réalisé, agréable et bien original. Malgré un début poussif le rythme est parfait, et on aurait sûrement aimé en avoir un peu plus... Pour une fin folle peut être.
Coton-tige.