S'il est des films improbables, Rubber en est un des plus grands ambassadeurs.
Après une scène d'introduction absolument mythique, le topo du film est donné, le no reason, et ce en argumentant d'une manière farfelue complètement dénuée de raisons.
Si le simple concept du film, un Slasher avec un pneu, est déjà "no reason" en lui-même, le film se barre beaucoup plus loin dans ce domaine, enchainant les situations et les répliques cultes, juste mythiques, qui sont d'un humour rare et qui resteront longtemps dans mon esprit.
Si le scénario n'a ni queue ni tête, il n'en reste pas moins très bien écrit. Et le mélange entre l'humour déjanté, les incompréhensions, le trash et le noir se fait sans aucun problème.
Si toutefois le début est un peu longuet, du fait que les prises de vues et les scènes sont très semblables et qu'on a un peu l'impression de voir toujours la même chose, ça finit par décoller subitement pour partir en un délire absolument jouissif.
J'ai passé mon temps à rire durant le film, car je prenais tout comme il le fallait, au second degré le plus total, me réjouissant du moindre "wtf" présent dont je me délectais. Un véritable bonheur.
Ce film est l'occasion à Dupieux d'imposer son style. Révolutionnaire, il réalise son filme avec pour toute caméra un seul appareil photo qui lui permet une qualité d'image et une photographie absolument exemplaire, et des prises de vues précises, maitrisées, qui sont un véritable bonheur pour les yeux. Et la BO, composée par ses soins et par son ami de Justice accompagne parfaitement l'oeuvre, et est particulièrement belle à entendre.
Le grand talent est que l'alliance des deux rend la simple vision d'un pneu roulant particulièrement attractive.
Et puis, Dupieux le dit lui-même implicitement dans le film, il s'attaque directement à Hollywood avec son cinéma. Et pour l'heure, avec une telle oeuvre, cela me plaît particulièrement. Autant dire que Dupieux est un drôle d'Oizo.